L’arrestation de Sisamnès, du peintre flamand Gérard David, 1498, huile sur panneau, 182 × 159 cm

Cambyse II fut roi de l’empire perse entre 529 et 522 avant Jésus-Christ. Sept petites années de règne lui ont suffi pour conquérir l’Egypte et y régner en tant que pharaon.

Selon la légende, en -525, il ordonne à ses troupes de mettre le siège sous les remparts de Péluse, une ville située dans le delta du Nil. Mais le siège s’éternise et Cambyse II commence à perdre espoir. C’est alors qu’il a une idée géniale. Il sait que, depuis plus de 2000 ans, les Égyptiens vouent un véritable culte aux chats. Bastet, la déesse égyptienne de la joie du foyer et de la chaleur du soleil, est même représentée sous les traits d’un félin. Et la loi du Pharaon est claire sur ce sujet: quiconque surpris en train de faire du mal à un chat a de fortes chances d’être condamné à mort…

Cambyse II a alors l’idée d’attacher des chats vivants sur les boucliers de six cent de ses soldats. On raconte que les Égyptiens furent épouvantés… N’osant se défendre de peur de faire du mal à un divin matou, ils préfèrent se rendre et laisser les Perses rentrer dans la ville sans combattre. C’est sur ce fait d’armes que Cambyse II poursuit ses conquêtes: Memphis, puis l’ensemble de l’Egypte, et obtient finalement le titre de Pharaon de la Haute et Basse-Égypte, mettant fin au règne de Psammétique III et à la XXVIe dynastie.

Néanmoins, ce n’est pas pour ses conquêtes militaires que le nom de Cambyse II a traversé l’Histoire, mais plutôt pour sa cruauté hors norme, comme en atteste l’anecdote qui va suivre, qui nous est rapportée par Hérodote dans le troisième livre de son Enquête…

Un beau jour, un certain Sisamnès, juge de son état, accepte de se faire corrompre. Il gracie un coupable et condamne un innocent en échange d’une coquette somme d’argent. Manque de bol, le bougre se fait dénoncer et l’affaire arrive aux oreilles du roi perse. Pour le punir de ce comportement indigne, Cambyse II le condamne à être écorché vif. La scène est atroce… allongé sur le dos, le moindre centimètre carré de peau est consciencieusement découpé alors que le supplicié se tord de douleur.

Le jugement de Cambyse, du peintre flamand Gérard David, 1498, huile sur panneau, 182 × 159 cm

Comble du raffinement sadique, Cambyse II fait tendre des bandes de peau du supplicié sur un siège. Puis il ordonne au fils de Sisamnès de succéder à son père dans ses missions de juge. Pour que le fiston se rappelle à jamais ce qui arrive aux gens corrompus, le roi perse l’oblige à rendre la justice assis sur la peau de son papa.

Le peintre flamand Gerard David (1455 – 1523), se saisit de cette anecdote historique pour peindre un diptyque effrayant, le Jugement de Cambyse. Le premier tableau représente l’arrestation du juge, et le deuxième le supplice de l’écorchement à vif. Si le cœur vous en dit, ces deux tableaux sont visibles dans la salle des échevins de l’Hôtel de ville de Bruges. Ce qui est sûr, c’est que le Jugement de Cambyse est autrement plus dur que le Jugement de Salomon!