Un Empire pour 3 frères : le partage de Verdun
Une histoire d’héritage
À sa mort en janvier 814, l’empereur Charlemagne n’a plus qu’un seul fils survivant : Louis le Pieux. Un « coup de chance » – si vous me permettez cette expression très cynique – qui facilite bien la succession ! En toute logique, c’est lui, et lui seul, qui hérite de l’ensemble de l’empire carolingien…
Mais quand Louis le Pieux se retrouve lui-même sur son lit de mort en 840, les choses se corsent : il a trois fils ! La question de la succession devient primordiale. La tradition germanique, ancrée dans les esprits depuis des siècles, veut que le territoire sur lequel règne le père soit divisé à parts égales entre tous ses fils… Lothaire, le fils aîné, s’oppose à ce partage. Non par égoïsme (quoique), mais pour sauver l’unité de l’immense Empire forgé par son grand-père Charlemagne !
Pur défendre sa position, il s’appuie sur l’Ordinatio imperii, un texte adopté par une Assemblée des Grands du Saint-empire romano-germanique en 817 qui veut que le fils aîné soit désigné empereur. Selon ce texte, les frères cadets ont droit à un territoire sur lequel gouverner, bien sûr, mais devront se soumettre à l’autorité de l’aîné. Ce texte instaure avant tout une règle de bon sens : si on veut éviter qu’un royaume (ou un empire !) se disloque au fil des générations, un héritier unique doit être désigné.
Deux frères s’unissent contre l’autre !
Mais ses deux petits frères, Louis le Germanique et Charles le Chauve, ne l’entendent pas de cette oreille : ils unissent leur force contre leur aîné. L’Empire est ravagé par une guerre civile et fratricide !
Après d’âpres combats à l’issue desquels aucun vainqueur ne se dessine clairement, les trois frères décident de revenir à la raison et de se mettre autour d’une table. Le but ? Partager « aussi également que possible » le vaste Empire. Afin de partager au mieux les territoires, il faut avant tout recenser les richesses de pays. Conséquence inattendue du conflit : il fut l’occasion d’améliorer les connaissances de l’époque en géographie !
La table des négociations
En 843, les trois frères signent finalement le traité de Verdun qui divise l’Empire en trois royaumes. Lothaire conserve le titre d’empereur mais ne possède plus aucune autorité sur ses frères. Charles reçoit la partie occidentale qui contient la majeure partie de la France actuelle et Louis la partie orientale correspondant grosso modo à l’Allemagne actuelle.
Quand les trois frères eurent apposés leur signature sur le parchemin, l’Empire carolingien n’était pas encore tout à fait mort, mais il était à un stade avancé d’agonie. Charlemagne, sans doute, se retourna dans sa tombe !
Un aîné qui s’est fait avoir !
Ce pauvre Lothaire n’a pas eu beaucoup de bol au grattage… son royaume est coincé entre les territoire de ses deux frères… Cette position centrale qui lui apparaît en premier lieu comme une force se révèle un terrible piège : un siècle plus tard, la “Lotharingie” est absorbé par la Francie orientale…
Quand les Capétiens arrivent au pouvoir à la fin du IXè siècle, l’utopie d’un grand empire chrétien européen a vécu. Des siècles plus tard, Charles Quint (XVIe siècle) et Napoléon (XIXe siècle) tenteront bien de réaliser ce grand rêve… sans résultat !
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Djinnzz
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férue de généalogie, je n’arrive pas à interesser mes petites filles à leur histoire. J’aime beaucoup votre manière désopilante de la traiter.Pouvez vous faire un article sur hugues capet dans le meme style que celui de charlemagne. Un grand merci.(champey2)