[Récit] L’épopée fantastique d’Hannibal, un héros hors du commun
Grand oublié de l’Histoire (sans doute parce qu’il n’est plus enseigné à l’école), le nom même d’Hannibal ne fait plus vraiment rêver personne… Pourtant, ce génie militaire est un véritable héros qui sut tenir tête avec une poignée d’hommes à la grande et fière république romaine. Son fait d’armes le plus impressionnant? La traversée des Alpes avec son armée et ses éléphants.
Du haut de ses 10 ans à peine, le petit Hannibal est déjà élevé dans une haine farouche contre Rome, devant même prêté serment solennellement de continuer le combat contre l’ennemi romain jusqu’à la mort. C’est sûr, on a connu éducation plus pacifique! Il faut dire que le gamin a de qui tenir, son père n’étant autre que le brillant Hamilcar Barca, général carthaginois qui brilla durant la première guerre punique (de 264 à 241 avant Jésus-Christ), conflit sanglant entre les deux super-puissances de l’époque: Rome et Carthage.
Hannibal prêtant serment de toujours haïr le peuple romain, caricature du XIXe siècle
An de grâce -221. Hannibal a maintenant 26 ans. Vingt-trois ans viennent de s’écouler depuis la fin de la première guerre punique et la défaite de son peuple: le jeune homme a maintenant soif de revanche. C’est sûr, il est promis à une destinée exceptionnelle. Qui en douterait alors qu’il se dresse, fier et superbe, devant les armées dont il vient d’acquérir le commandement? Problème, la Méditerranée sépare Rome de Carthage et hors de question d’entamer un combat naval avec la puissante flotte ennemie… cela tournerait à coup sûr au désastre.
Non, Hannibal a un autre plan en tête: rejoindre le cœur du territoire romain par l’Espagne, traverser les Pyrénées, cheminer le long de la côte méditerranéenne de la Gaule, et… franchir les Alpes. Un projet complètement fou!
An de grâce -218 (Printemps). L’épopée commence à Carthagène, au Sud de l’Espagne. L’armée carthaginoise aligne plus de 100.000 hommes qui n’ont pour la plupart jamais quitté l’Afrique et sont bien plus habitués au climat aride de la Maurétanie ou de la Numidie qu’au froid et aux tempêtes de neige qui les attendent sur le chemin! Sans compter la quarantaine d’éléphants de guerre bien encombrants…
Le chemin jusqu’à Rome sera long, Hannibal en a bien conscience, mais a-t-il seulement le choix? Faisant preuve d’intelligence politique, il envoie des émissaires vers les peuples gaulois pour s’assurer du soutien de la population locale. Et pourquoi pas venir garnir ses rangs de quelques chevelus? Après tout, les Gaulois non plus ne sont pas bien copains avec la prétentieuse Rome… C’est donc le cœur plein d’espoir qu’Hannibal et son armée franchissent l’Ebre.
Carte de la deuxième guerre punique(cliquez pour agrandir)
An de grâce -218 (Été). Il faut croire que les émissaires envoyés n’ont pas réussi à convaincre les peuples locaux… Hannibal n’a pas encore franchi les Pyrénées qu’il est déjà houspillé par les tribus catalanes. Le général carthaginois y perd 20% de son armée (réduite à 80.000 hommes, donc). Outch! Et les mauvaises nouvelles ne sont pas finies: pour assurer ses arrières, il est bien obligé de laisser des garnisons d’occupation sur place. Et vlan, 10.000 hommes en moins.
Une fois les Pyrénées franchies, le Barcide se rend compte que les Gaulois ne sont guère plus accueillants que les Ibères… Pourquoi ces derniers feraient-ils confiance à une armée à la couleur de peau et aux mœurs étranges? Hannibal apprend à ses dépens que la maxime « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » ne marchent pas à tous les coups… Le terrain accidenté du sud de la Gaule favorise une guerilla d’usure et l’armée d’Hannibal taillée pour la confrontation sur un champ de bataille est impuissante. Des milliers d’hommes tombent encore…
Et les Romains, dans tout ça? On s’en doute, la marche forcée d’Hannibal ne passe pas inaperçue. Cornelius Scipion, général romain, fait débarquer ses troupes à Massilia (actuellement Marseille) pour tenter de contrer l’avancée carthaginoise. Apprenant la nouvelle et ne voulant pas affronter l’ennemi si loin de Rome, Hannibal décide de contourner l’armée de Scipion et s’enfonce dans les terres provençales. Par cette nouvelle orientation, Hannibal compte bien également s’inscrire dans la légende en empruntant le même chemin qu’Hercule lorsqu’il ramena, à l’issue de son dixième travail légendaire, les bœufs de Gérion du Détroit de Gibraltar jusqu’en Grèce.
Scipion saute de joie! Quelle folie! Son pire ennemi se dirige droit vers une mort assurée! Il n’imagine en effet pas une seule seconde que l’entreprise d’Hannibal puisse aboutir. Traverser le Rhône, s’enfoncer dans des gorges étroites, franchir des cols vertigineux? Soyons un peu sérieux, voyons!
Hannibal, lui, poursuit sa route avec détermination. En choisissant l’itinéraire le plus dangereux, il s’assure au moins de ne pas être harcelé par les troupes romaines. Le voilà sur les rives du Rhône. Le fleuve impétueux est impressionnant. Sa traversée n’est pas une sinécure…
Traversée du Rhône par l’armée d’Hannibal (ne vous fiez pas à cette illustration… vraisemblablement, il est plus logique que les éléphants aient traversé à la nage, tout simplement…)
An de grâce -218 (Automne). L’armée d’Hannibal est maintenant réduite 46.000 hommes et 37 éléphants. Elle vient de traverser péniblement le Rhône mais ce qui l’attend de l’autre côté du fleuve n’est guère plus réjouissant… Les tribus locales sont, une fois encore, favorables aux Romains et entament une guerre d’usure à laquelle vient s’ajouter un climat de plus en plus rude… Les montagnes impressionnantes et aux sommets enneigés que les soldats voient à l’horizon ne sont pas pour les rassurer… Hannibal le sent, il doit galvaniser ses troupes. À peine 5 mois qu’ils ont quitté la douceur de Carthagène, et voyez le chemin accompli! Hors de question d’abandonner en si bon chemin. Miroitant la gloire et la richesse que leur général leur promet, le cœur des hommes est plus léger. Pas question de perdre de temps. Winter is coming. Les Alpes devront être traversées avant les rigueurs de l’hiver. Coûte que coûte.
Scipion, lui, ne perd pas son temps à poursuivre le Barcide à travers ces contrées inhospitalières. De deux choses l’une. Soit Hannibal échoue dans son entreprise et Rome aura vaincu sans même combattre, soit il réussit l’impossible et c’est alors de l’autre côté des Alpes que la bataille décisive aura lieu. Exténuée par la traversée, comment l’armée carthaginoise pourra-t-elle ne serait-ce qu’espérer vaincre? Scipion ne s’en fait pas trop. Il en est persuadé, il a maintenant partie gagnée. L’armée romaine se replie donc en direction de la plaine du Pô. Ça y est, les pièces de l’échiquier se mettent en place. L’affrontement entre les deux génies de la stratégie militaire s’annonce épique!
Ça y est, les pièces de l’échiquier se mettent en place. L’affrontement entre les deux génies de la stratégie militaire s’annonce épique!
Du côté d’Hannibal, les perspectives s’éclaircissent enfin. Après quelques jours de marche durant lesquels il remonte le Rhône, il tombe sur les tribus allobroges. Celles-ci se livrent une guerre intestine et le Général carthaginois parvient avec intelligence à tirer profit de ces rivalités. Il fait la connaissance de Brancus, un chef allobroge profondément remonté contre les Romains. Enfin un allié en Gaule! Brancus apporte une aide inespérée: vivres, vêtements chauds, soutien militaire et guides pour aider à traverser les montagnes… Hannibal en pleurerait presque de joie! Les Dieux sont avec lui et sa cause n’est peut-être pas aussi désespérée qu’il n’y paraît après tout…
Le Barcide s’est mis un peuple dans la poche, mais il n’en reste pas moins que les tribus montagnardes lui restent largement hostiles.
Prenez un instant pour imaginer cette armée livrée à elle-même, s’apprêtant à pénétrer en Savoie, à des mois de marche de leur foyer, perdue dans le froid et la boue. Par dessus tout, les soldats doivent faire aveuglément confiance en des guides qu’ils ne connaissaient pas quelques jours auparavant… et l’ascension des Alpes n’a même pas encore commencé! Les troupes sont étirées (parfois sur plus de 50 kilomètres!) en raison des chemins étroits et la vulnérabilité de l’armée punique n’a jamais été aussi forte. Entourés d’ennemis invisibles, les soldats voient leurs compagnons d’armes tombés un à un. Pourquoi endurent-ils un tel calvaire? Le charisme et les qualités d’orateur de leur général ne sont pas de trop pour les motiver à continuer… Un froid à vous glacer les sangs commence à se faire sentir. Courage, compagnons.
An de grâce -218 (début de l’Hiver).
Les chemins plats sont de l’histoire ancienne. Les choses sérieuses commencent. Les chemins longent maintenant des précipices effrayants et des ennemis menaçants observent du haut de falaises inaccessibles le long et étrange convoi, attendant le bon moment pour lancer l’assaut. À maintes reprises, Hannibal a bien essayé de négocier avec eux, mais les Montagnards, au train de vie plus proche de celui des animaux qu’à celui des Hommes, semblent insensibles à toute proposition. Que faire, si ce n’est avancer et se placer sous la protection des Dieux?
Mais le nom d’Hannibal n’a pas franchi les siècles pour rien! Le Général punique prépare sa contre-attaque. Depuis plusieurs jours, il a constaté que l’ennemi surveille de loin la progression de ses troupes la journée et s’éclipse aussitôt le soleil couché. Cette information capitale doit bien être exploitable d’une façon ou d’une autre…
Le jour se lève et comme tous les matins depuis que l’ascension a commencé le convoi se met en marche. Soudain, un son sourd déchire les airs. Le sol sous les pieds des soldats semble trembler. Enfers et damnations! Les Montagnards viennent de lancer l’assaut! Stupéfaits, les soldats puniques se font soit écraser, soit propulser au fond de précipices vertigineux par de lourds rochers lancés du haut des falaises. La terreur s’installe sur les visages. Les chevaux hennissent, se cabrent, galopent à travers les troupes, sautent même parfois d’eux-mêmes dans le ravin pour échapper au danger… Les éléphants rendus fous adoptent un comportement irrationnel et font des ravages dans les troupes alliées. Est-ce la fin de l’épopée?
Non! Hannibal avait prévu l’assaut! À la faveur de la nuit, accompagné de quelques hommes d’élite, il s’était subrepticement éloigné du camp pour prendre l’ennemi à revers. Pas préparé au combat au corps à corps, les Montagnards ne peuvent lutter. Bientôt, la terreur change de camp! En contrebas, les hommes et les animaux commencent à se calmer tandis qu’en haut des falaises un vrai massacre commence. Autant dire qu’Hannibal et ses hommes s’en donnent à cœur joie contre ces ennemis enfin à leur portée qui les ont harcelés depuis des semaines!
La bataille achevée, on panse les plaies et on compte les morts. Surtout, on a à cœur de trouver le village de la tribu qu’on vient de massacrer. Contre toute attente, les hommes d’Hannibal, sans doute guidés par un prisonnier passé à la torture, trouvent un village désert mais rempli de nourriture, de vêtements et de bétail. Un peu de réconfort, enfin!
Une ascension des Alpes périlleuse!
Hannibal vient de remporter une bataille, c’est vrai, mais les escarmouches avec d’autres tribus de Montagnards continuent. Leur rage semble avoir décuplé après le massacre de leurs confrères. Les rochers qui s’abattent lourdement au milieu des troupes font maintenant partie du quotidien des guerriers puniques. Mais que diable sont-ils allés faire dans cette galère? La fière armée ne ressemble maintenant plus qu’à une bande de loqueteux blessés et affamés peinant à mettre un pied devant l’autre et guidé uniquement par leur instinct de survie. Dis, Hannibal, c’est encore loin l’Italie?
L’Italie est encore loin, oui, mais un col est enfin atteint: celui du Clapier. Et là, miracle! Au loin, la plaine du Pô est visible! Selon Tite-Live, Le Général se serait alors exclamé: « Vous escaladez en ce moment les remparts de l’Italie; que dis-je? les murs mêmes de Rome. Plus d’obstacles bientôt; tout s’aplanira devant vous: une bataille, deux tout au plus, et la capitale, le boulevard de l’Italie est dans vos mains, en votre puissance! »
Cerise sur le gâteau, les embuscades des Montagnards semblent s’être arrêtées depuis deux ou trois jours.
« Vous escaladez en ce moment les remparts de l’Italie; que dis-je? les murs mêmes de Rome. Plus d’obstacles bientôt; tout s’aplanira devant vous: une bataille, deux tout au plus, et la capitale, le boulevard de l’Italie est dans vos mains, en votre puissance! »
Voilà de quoi remettre du baume au cœur même au plus épuisé des soldats! Mais les espoirs seront cependant de courte durée… Jusqu’à présent relativement épargné par les conditions climatiques (les hommes avaient simplement droit à la boue, ce qui n’est certes guère plus réjouissant), un épais manteau de neige recouvre bientôt tout le paysage. Après les Montagnards, l’armée punique va devoir se confronter à un ennemi d’une toute autre nature mais non moins cruel. Engelures, crevasses, vent qui vous pénètre et vous glace le sang, glissades meurtrières, menace constante d’une avalanche,… On imagine l’inquiétude qui dut tirailler les soldats africains qui, pour la plupart, n’avaient jamais vu le moindre flocon de neige!
Au terme de sept jours d’un calvaire sans nom, l’armée se sort enfin de cet enfer blanc. Hannibal vient de réussir le plus grand exploit de tous les temps: en seulement 15 jours, il est parvenu à franchir les Alpes en empruntant la voie héracléenne, la plus dangereuse de toutes.
Scipion est aussitôt informé de l’exploit de son ennemi. Un rictus s’inscrit sur ses lèvres. Ce qu’il espérait vient d’arriver: il va enfin pouvoir se confronter à son illustre rival. Bientôt, les deux hommes vont se battre pour la survie de leur peuple. Qui en sortira vainqueur?
À suivre…
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Ah bah voilà, un article qui fera l’unanimité cette fois 😉
Vous êtes doués pour donner vie aux personnages. Vous lire est un vrai plaisir! Continuez à nous conter de belles histoires comme celle-ci! (mais pitié évitez les « à suivre », c’est frustrant!!!!!!!)
C’est moi aussi le type d’article que je préfère… Mais il en faut pour tous les goûts.
Je connaissais déjà l’histoire d’Hannibal et de ses éléphants qui avaient traversé les Alpes, mais je ne savais ni pourquoi, ni comment…
Je ne risque plus de l’oublier maintenant
Ce cliffangher de malade….
On se croirait dans une série de HBO! ^^
Même si je connais la fin de l’histoire, faut avouer que c’est plutôt bien écrit.
il y aurait d’ailleurs matière à écrire et réaliser une excellente série sur les guerres puniques… En tteandant, on a Game of Thrones, c’est déjà ça!
Hâte de lire la suite!
Passionnant, et super bien écrit ! J’attends la suite avec impatience !
Bravo! C’est un superbe article qui m’a vraiment instruit, surtout grâce à la congolexicomatisation des lois du marché.
Mais oui c’est clair! Je suis Sylain Durif alias le grand monarque, le Christ cosmique ou même l’home vert! Allez salut
tu savais qu’on t’a trouvé dans une décharge sombre et malodorante
Superbe article ! Très bien raconté et prenant de bout en bout. Voici une petite vidéo qui résume de manière cartographique l’ensemble des guerres puniques, dont l’épopée d’Hannibal n’est que l’épisode le plus connu.
https://www.youtube.com/watch?v=1ABxRizSfHw
non quedal c’est vraiment de la merde comme texte
Kevin cest bien sa , dabord tu es con 2: je suis sure que tu nai pas capable de raconter mieu que sa alors ferme ta grosse bouche. merci
En aucun moment on nous dit qu’Hannibal etait noir…..
et toi t’es multicolore ou quoi
il nest pas noir je ne croi pas que tu connais son histoire personne qui vien de nule part
c’est vraiment pourri votre article allez vous cacher derrière un buisson
ta geule tu te parle a toi meme
en fait tagueule sale merde
tu ecrie mal con regarde toi dans la glace
tu parle francais ou quoi sale google
fait pas genre que tu parle francais avec tes mots de trylobite
non c’est pas vrai patrick l’étoile de merde
nooooooooon
Bon style vivant et intéressant.
Mais je pense que l’auteur devrait lire au préalable l’oeuvre du grand spécialiste de la question Aimé Bocquet, qui fait aujourd’hui autorité sur le passage des Alpes par Hannibal :
Ici : http://www.aimebocquet.com/page111j.htm
Tite-live n’a pas fait oeuvre historique et ne peut plus être la référence sur ce sujet. Vive Polybe ! (un vrai historien gréco-romain)
tu veux pas arrêter de faire le quéqué on dirait un panda roux
et Berlan t’est un merlan frit ou quoi
tu veux pas arrêter de faire le quéqué on dirait un panda roux
ou alors un criquet agressif
coucou c’est moi c’est toxic rené
tu n’est qu’un insolent et perturbateur tu n’as rien compris à la vie.
cordialement
ta grosse mère
Je ne suis pas prof d’histoire mais une simple secrétaire retraitée ! Mais. j’ai toujours adoré l’histoire Ton article sur Hannibal est PRENANT Tu la racontes merveilleusement ! Je ne suis pas prête de l’oublier ! Merci c’est un réel plaisir que d’apprendre les lecons que nous donne nos très anciens Les gouvernements du monde n’en tiennent toujours pas compte et les « horreurs » se répètent !
Bonjour. Il neige en Afrique du Nord. Il neige même beaucoup.
https://youtube.com/shorts/-NuspwNMUQ0?feature=share
Les anciens Berbères et carthaginois connaissaient donc la neige.