On l’a vu dans l’article consacré à la première Croisade, le Comté d’Édesse est repris aux Chrétiens par les Musulmans en 1144: ce fait de guerre marque le coup d’envoi de la deuxième Croisade!

Dans le même temps, le roi de France Louis VII (celui-là même qui s’est retrouvé sur le trône à cause d’un cochon…) entre en conflit avec le pape Innocent II. La raison en est assez simple: le roi veut imposer ses propres candidats aux évêchés du Royaume. Hors de question pour le pape de perdre son influence et la réponse du Saint-siège ne se fait pas attendre: Louis VII est excommunié!
Le roi de France est censé tirer sa légitimité du Saint-Siège. Être excommunié de l’Église, c’est donc grave, très grave: cela signifie tout simplement perdre la légitimité qu’il a acquise auprès du peuple et de ses vassaux. Une situation tout simplement ingérable!

Finalement, Louis VII lève alors une armée contre le comte de Champagne, proche du pouvoir papal: à la suite d’un conflit sanglant, un compromis est trouvé entre Louis VII et Innocent II.
Mais lors de ce conflit armé, Louis VII commet une abomination: il fait incendier l’église de Vitry-en-Perthois, en janvier 1143, dans laquelle plus de 1.300 personnes avaient trouvé refuge. Toutes ces personnes perdent la vie dans d’atroces souffrances… Dès lors, cet ordre horrible qu’il donna en personne hante les nuits de Louis VII. Pour se repentir de ce pêché et tenter de retrouver un peu de sérénité, il tente de renouer des liens avec Rome en acceptant de prendre part à la deuxième Croisade.

En 1146, soit peu de temps après la chute d’Edesse, le pape Innocent II dépêche Bernard de Clairvaux pour prêcher la Croisade. Louis VII lui-même et sa femme Aliénor d’Aquitaine se prosternent à ses pieds! Les préparatifs du voyage peuvent démarrer…

L’armée de Louis VII rejoint celle des Allemands de l’empereur germanique Conrad III. Les deux armées réunies forment un immense corps de plus de 150.000 soldats. Avec une telle armée, les Infidèles n’ont qu’à bien se tenir! Mais l’entente ne règne pas entre les deux clans: les Français méprisent les Allemands et se moquent de leur armure pesante et de la lenteur de leurs mouvements. Les Allemands trouvent que les Français puent et qu’ils manquent de discipline…
(à moins que ce ne soit l’inverse)

Mais là où les deux clans s’accordent, c’est quand il s’agit de piller et violer tout ce qui bouge: bientôt, l’armée croisée ressemble à un gigantesque foutoir semant le chaos sur son chemin.

Louis VII a bien du mal à faire régner l’ordre, lui qui a perdu sa crédibilité en amenant sa femme Aliénor d’Aquitaine et une bonne partie de sa Cour avec lui!
Face à ces difficultés de cohabitation, les deux armées décident de se séparer… elles rejoindront la Terre Sainte chacune de leur côté, sans aucune coordination (voir carte)…

Ce qui devait arriver arriva… en octobre 1147, à Dorylée, dans la Turquie actuelle, les Allemands se font encercler par les Turcs Seldjoukides. Une vraie boucherie s’ensuit… Conrad III parvient à s’enfuir, mais son armée est réduite à moins de 2.000 hommes. Ouch… Le coup est dur à encaisser.

De son côté, l’armée de Louis VII n’est pas mieux lotie. Le roi de France a certes l’intelligence de choisir un itinéraire plus long que celui de Conrad III, ce qui lui évite de traverser le désert d’Anatolie. Néanmoins, en 1148, son armée se fait exterminer dans les défilés de Cadmos, où des milliers de soldats sont acculés et tombent dans de profonds précipices. C’est un carnage dans les rangs français.

Louis VII parvient à s’en sortir vivant avec quelques-uns de ses hommes. Il rejoint Conrad III et, ensemble, ils se rendent à Antioche par la mer où ils sont accueillis par Raymond de Poitiers, l’oncle d’Aliénor d’Aquitaine. À ces cuisantes défaites militaires s’ajoute ainsi le déshonneur pour Louis VII!Car très rapidement Aliénor d’Aquitaine est accusée de liaisons incestueuses avec son oncle… (on en a parlé en long, en large en travers dans l’article consacré à Aliénor). La rupture entre Louis VII et son épouse est consommée: il répudiera Aliénor quelques années plus tard.
(et Aliénor épousera par la suite le roi d’Angleterre…)

Pour le moment, Louis VII est certes très affaibli, mais il ne s’avoue pas encore vaincu. Les troupes européennes reprennent leurs forces et se rejoignent toutes à Jérusalem. Un concile à Acre se réunit le 24 juin 1148 pour décider des cibles militaires prioritaires. La ville de Damas (en Syrie actuelle) est choisie…
Et c’est donc parti pour Damas! Une armée d’environ 50.000 soldats assiège la ville.

Autant le dire tout de suite, le siège de Damas fut un échec total! Au bout de quelques jours, les Croisés, épuisés et assoiffés, lèvent le camp. Conrad III et Louis VII rentrent en Occident, humiliés, sans aucune victoire militaire à leur actif… D’ailleurs, connaissez-vous l’origine de l’expression « pour des prunes », synonyme de « pour rien »? À ‘issue de la deuxième Croisade, les Croisés reviennent défaits en Occident. Mais ils profitent du voyage pour ramener avec eux quelques variétés de pruniers… Il n’en faut pas plus pour faire rentrer cette expression dans le langage courant!

La deuxième Croisade est donc un échec retentissant… Il faudra attendre quarante ans pour que Philippe Auguste, Frédéric Barberousse et Richard Cœur de Lion organisent la revanche des Croisés, en 1189. Parviendront-ils à délivrer la Terre Sainte et à laver leur honneur ? Ça, c’est l’histoire de la troisième Croisade…