Oncle Sam, qui es-tu? D’où viens-tu?
L’Oncle Sam, c’est le surnom donné aux United States of America. Aux États-Unis, quoi. Mais qui peut bien être cet Oncle Sam pour avoir ainsi légué son nom au pays de McDo et de Coca-Cola?
#ETC a mené l’enquête…
Ce qui n’arrange pas nos affaires, c’est que tous les historiens ne sont pas d’accord sur l’origine de ce surnom. La théorie la plus probable est que sous les traits de l’Oncle Sam se cache un certain Samuel Wilson, le patron d’un abattoir et d’une boucherie à Troy, dans l’Etat de New-York. Celui-ci avait de nombreux neveux et nièces, tant et si bien qu’il se faisait appeler par tous ses amis Uncle Sam.
En 1812, lorsque la guerre éclata entre les Etats-Unis et l’Empire britannique, Sam Wilson devint le fournisseur officiel de viande de l’US Army. La qualité globale des repas était plus proche du SPAM que des côtes de bœuf saignantes, mais les soldats étaient quand même très heureux de pouvoir se caler un peu l’estomac…
La nourriture arrivait sur le front dans des espèces de tonneaux sur lesquels étaient gravées les initiales U.S., pour United States bien sûr. Mais un beau jour, un soldat eut la brillante idée de faire le rapprochement entre les initiales U.S et Uncle Sam… La plaisanterie se répandit comme une traînée de poudre!
– Hé, les gars, regardez! On va se régaler ce midi, y’a Uncle Sam qui arrive!
…avait effectivement plus de charme que:
– Hé les gars, regardez! Y’a notre bouffe dégueu qui arrive dans des tonneaux pourris!
Non?
Bon, l’histoire est belle, bien sûr, mais il y a de forte chance qu’elle soit fausse. En effet, on n’en trouve une version qu’à partir de 1854, bien après la mort de ce soi-disant Uncle Sam, et aucune chronique de la guerre de 1812 ne mentionne l’anecdote. Étrange…
Poursuivons nos investigations.
Par contre, le surnom d’Oncle Sam pour personnifier la nation américaine, lui, apparut bel et bien dans la Presse dès 1813. Il fallait bien inventer une figure forte pour contrer John Bull, qui était quant à lui la personnification de l’Angleterre! Le personnage de l’Oncle Sam va prendre racine dans l’imaginaire collectif et sera repris à différentes reprises dans les mois qui vont suivre. En 1816, alors que la guerre entre les Etats-Unis et l’Angleterre prit fin, un certain Frederick Augustus Fidfaddy publia une satire de la guerre, Les Aventures de l’Oncle Sam à la recherche de son honneur perdu, dans lequel il transforme l’Oncle Sam en un homme fat, imbu de sa personne et sûr de sa puissance. L’auteur ne cache donc pas son allégeance à l’Angleterre!
Bon, c’est bien beau la littérature, mais jusqu’à présent personne n’a encore eu l’idée de dessiner le personnage… Ce sera chose faite en 1832 sous la plume d’un caricaturiste, et l’Oncle Sam est encore bien loin de ressembler à l’image qu’on a de lui aujourd’hui! Et c’est parti pour une avalanche de caricatures le représentant – et donc les Etats-Unis – sous ses plus mauvais jours: affaibli, malade, à la solde des banquiers… Les dessinateurs s’en donnent à cœur joie !
En réalité, durant toute cette période, c’est surtout Frère Jonathan qui est utilisé pour personnifier à la fois la force des Etats-Unis et aussi du capitalisme en général. C’est un personnage fictif créé durant la guerre d’indépendance américaine (1775 – 1783) et devenu très populaire dans la culture américaine.
Frère Jonathan vs. Oncle Sam: il ne doit en rester qu’un!
Mais bientot éclata un événement majeur dans l’Histoire des Etats-Unis: la guerre de Sécession (du 12 avril 1861 au 9 avril 1865). Pour faire simple, les Etats du Nord (l’Union, présidée par Abraham Lincoln) s’opposent aux Etats du Sud (la Confédération, présidée par Jefferson Davis) pour des raisons politiques, économiques et idéologiques. La menace de la scission du pays se fait de plus en plus grande.
Maintenant, deux autres personnages sont créés pour personnifier chaque camp: Billy Yank pour le Nord et Johhny Reb pour le Sud. Et la Presse complexifie encore un peu plus tout ce joyeux bazar en créant des doubles à l’Oncle Sam et à Frère Jonathan. Ils existent maintenant tous les deux dans une version « du Sud » et une version « du Nord », symbole de la lutte fratricide qui déchire le pays.
Tous ces personnages, ça commence à devenir du grand n’importe quoi!
Bon, Jonhhy Reb et Billy Yank seront vite oubliés une fois la guerre civile terminée. Paix à leur âme. Quant à l’Oncle Sam et à Frère Jonathan, il faut encore les départager: deux personnages pour personnifier le même pays, c’est un personnage de trop! Mais nous n’assisterons point à un combat à mort entre nos deux vaillants hommes… plutôt à une lente assimilation des deux personnages en un seul. Peu à peu, les traits de Frère Jonathan ET de l’Oncle Sam évoluent et on les affuble bientôt d’une barbichette, d’un chapeau haut de forme et d’une veste en queue-de-pie, aux couleurs du drapeau américain. En fait, leurs traits commencent à ressembler étrangement à ceux d’Abraham Lincoln… et vous pouvez être sûr que ce n’est pas une coïncidence!
Les caricaturistes de l’époque en ont marre de se trimbaler deux personnages qui représentent la même idée. Mais pour quelle raison est-ce le nom de l’Oncle Sam qui remporta la partie? Je n’en ai pas la moindre idée! Sûrement parce que son histoire (rappelez-vous, les fameux tonneaux transportant de la viande) et ses initiales parlent plus aux gens que le nom de Frère Jonathan qui n’est pas très vendeur.
L’Oncle Sam a-t-il définitivement gagné la partie? Non!
C’est au tour d’une certaine Lady Colombia de venir marcher sur les plate-bandes de l’Oncle Sam! Équivalent de la Marianne des Français, elle apparaît souvent dans les dessins de Presse du début du XXe siècle. D’où vient son nom? de Christophe Colomb, pardi! Pendant longtemps, Colombia fut en effet le surnom donné aux Etats-Unis, en hommage à celui qui découvrit l’Amérique.
Mais Lady Colombia disparut progressivement dans le cours du XXe siècle et l’Oncle Sam put enfin commencer à trôner seul en haut de l’affiche. Il vécut ses heures de gloire lors de la Première Guerre Mondiale, où il apparut sur une des affiches les plus célèbres de l’Histoire de l’humanité (oui, oui).
Voilà, nous avons levé le mystère de l’Oncle Sam. Seule ombre au tableau: l’histoire ne dit pas s’il était ami avec l’Uncle Ben’s…
(il est temps pour moi d’aller me coucher, je crois)
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Djinnzz
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C’est typiquement anglo-saxon de vouloir personnifier un pays par une personnage genre « super-héros ».
Il y a d’autres pays qui le font?
Il y a, pour ce que j’en sais, Marianne pour la France, Helvetia pour la Suisse, Germania pour l’Allemagne, Britannia pour l’Angleterre (avec John Bull) et Italia turrita pour l’Italie. Ce sont des figures allégoriques, personnification des États en une figure de style.
Nous, on s’en fout on a Charlie!
😡
Un des articles les plus complets que j’ai vus. Ça va bien m’aider pour une présentation que j’aie à faire.
Pour une fois que je trouve qqch de concret sur internet!
C’est très utile,agréable à lire et instructif en fait! La perfection en elle même!
J’adore! C’est méga bien expliqué!
Pour une fois, j’ai tout compris sur les allégories des Pays et/ou États!
Je vais pouvoir être capable de l’expliquer comme une Quinn!
Note 20/20. Merci!!!
Bel article .Explicite et très instructif .