L’armée en terre cuite et la grande Muraille de Chine, vous connaissez ?
Alors vous connaissez forcément Qin Shi…

Faisons les présentations

Qin Shi Huangdi (260 à 210 av. JC) fut roi de Qin de -247 à -221, puis Empereur de Chine de -221 jusqu’à sa mort. Il entre dans l’Histoire pour avoir réussi à réunifier les sept royaumes chinois. Pas par la diplomatie – pensez-donc ! – mais bien sûr par la guerre. Il eut aussi le mérite d’unifier les poids et mesures ainsi que les langues et l’écriture à travers l’immense pays sur lequel il régnait.

Son vrai nom de famille était Ying. En avait-il marre de tout le temps se faire vanner à base de Yin et de Yang ? En -221, il prend le nom de « premier auguste souverain » (Qin Shi Huangdi), en référence aux antiques San Huang Wu Di, les « trois Augustes et les cinq Empereurs », qui régnèrent sur la Chine il y a très, très, très longtemps – plus de 2000 ans avant Jésus Christ.
(selon un mythe, ces huit « divinités » possédaient de grands pouvoirs et auraient modernisé le pays, gouvernant avec force et sagesse)

Le légisme, un vernis philosophique bien pratique

Le règne de Qin Shi Huang fut placé sous le signe du légisme. En gros, c’est une philosophie pragmatique qui ne se penche pas sur les questions existentielles du genre « qui suis-je », « pourquoi suis-je », « où vais-je », et tout le tra-la-la. Non, les légistes préfèrent simplement considérer que c’est la loi et le droit qui prime sur tout : simple et efficace. Et la loi, c’est l’empereur.
(on appelle ça du réalisme politique, il paraît)
(tu parles)

L’empereur Qin Shi Huang était donc un souverain autoritaire. Les Confucéens (adeptes de Confucius) en firent les frais : ennemis jurés du légisme, ils furent accusés de conspiration et subirent une répression impitoyable. Sans autre forme de procès, ils furent arrêtés et parfois enterrés vivants.
(plus de deux millénaires après, Mao Zedong n’agit pas autrement lors de la « révolution culturelle » de 1966 en faisant sienne la doctrine : « faisons un petit feu de joie avec les livres et profitons-en pour faire cramer les intellectuels »)

Un pouvoir qui ne se délègue pas

Un seul homme souffle à l’oreille de l’empereur : son premier ministre Li Si. C’est ce dernier qui, déjà, lui inspira sa stratégie militaire lors de la campagne de réunification : frapper rapidement le royaume faible de Han pour effrayer et soumettre les autres royaumes. La corruption (ou l’assassinat) des ministres des cinq autres états rivaux fit le reste…

Une fois empereur, ses ministres lui préconisèrent d’attribuer des fiefs héréditaires à des parents de sa famille ayant des pouvoirs autonomes sur leurs terres. Une sorte de féodalité avant l’heure, en quelque sorte… Li Si, bien sûr, l’en dissuada, arguant du fait qu’il n’y a que les faibles qui délèguent leur pouvoir ! Une centralisation stricte fut donc opérée : l’immense territoire fut découpé en une quarantaine de Jun (préfectures), chacune dirigée de manière non héréditaire par un gouverneur nommé au « mérite ».

Une obsession morbide

En quête permanente d’immortalité, obsédé par sa mort, il exigea que ses médecins lui trouvassent (oui, oui) un élixir d’immortalité. Étonnamment, ces derniers ne réussirent pas à honorer la commande.
(les gros nuls)
Faute de mieux, Qin Shi se fit donc construire un tout petit tombeau près de la ville de Xi’an (prononcez « shi-an »). Oh, vraiment, trois fois rien ! À peine 20.000 m². Et comme l’empereur n’aimait pas la solitude, il commanda quelques personnages en terre cuite pour lui tenir compagnie. En toute modestie, là encore… C’est qu’il n’avait pas besoin de grand chose, notre cher empereur. Une petite armée de quelques 6.000 soldats et chevaux grandeur nature lui suffirent amplement. Ce chantier, pour lequel 700.000 hommes furent nécessaires, dura 36 années.
(un petit tombeau de rien du tout, vous dis-je…)

La tombe de l’empereur ne se trouve pas parmi son armée en terre cuite mais à quelques centaines de mètres de là, sous une pyramide d’une centaine de mètres de haut. Selon la légende, elle contiendrait non seulement son corps dans un sarcophage de Jade, mais aussi la reproduction de son empire avec des rivières de mercure (« vif argent ») coulant à l’infini, le tout sous un ciel constellé de perles. Il y aurait aussi les tombeaux de ses 48 concubines enterrées vivantes avec lui…

Étonnamment, sa tombe n’a toujours pas été fouillée, les autorités chinoises ayant peur que les archéologues détruisent des biens précieux.
(cette version officielle semble très louche)
(avec un tel raisonnement, on ne fouillerait jamais rien !)

Toujours est-il que d’après l’historien Sima Qian (145-190 av. JC), cette tombe est piégée par des arbalètes automatiques et, pour envelopper tout cela dans encore plus de mystères, Qin Shi aurait fait emmurer vivant toutes personnes qui avait travaillé à l’intérieur… Voilà de quoi mettre des étoiles dans les yeux à tous les aventuriers en herbe pendant des millénaires !

Ça ferait un bon sujet de films d’aventures, non ? Ah, mince, on m’informe dans l’oreillette que La Momie : La Tombe de l’empereur Dragon a déjà traité le sujet…
(ça serait dommage de passer à côté d’un chef d’œuvre pareil)

Conclusion

Et la Grande Muraille de Chine ? C’est Qin Shi aussi. Ou, en tout cas, c’est lui qui fit raccorder les tronçons de murailles existantes pour former la première « longue muraille » permettant de se protéger des invasions venant de l’Ouest (les Mongols).

Il est également l’inventeur de la coiffe impériale à rideau à frange dite « Mianliu » qui dissimulait en partie le visage.
(vraiment trop stylé)

Bien que tyran sanguinaire, Qin Shi eut le mérite de léguer à son peuple un empire unifié, même si celui-ci ne durera pas bien longtemps… L’histoire de la Chine est faite de divisions et de rassemblements au rythme des dynasties qui se firent et se défirent. Mais ça, c’est une autre histoire !