Raconte-moi une histoire: La vie de Bouddha
Avant-propos: Cet article est la suite directe de la partie 2: L’éveil de Bouddha.
Résumé des épisodes précédents
Rappelez-vous, dans les deux premiers épisodes, nous avons vu comment le Prince Siddharta, malgré toutes les ruses déployées par son père le roi, s’échappe du palais impérial, mène une vie de dénuement total et parvient enfin, au terme d’un combat avec l’armée de démons déployée par Rama, à trouver la voie du Milieu, la sagesse absolue. Mais ce n’est pas tout d’avoir réalisé la plus grande expérience spirituelle de tous les temps, encore faut-il réussir à la faire connaître aux Hommes!
– Bon, alors, il a fait quoi après ça Bouddha?
– Il est temps pour toi,Kevin, de découvrir la fin de cette merveilleuse histoire.
– Génial!
Bouddha vient donc de découvrir le chemin de l’Éveil. Durant sept longues semaines encore, il reste assis à méditer et tente de comprendre les moindres détails du secret qu’il vient de percer. Surtout, il réfléchit à sa prochaine mission: partager ses enseignements avec l’humanité toute entière. Mais les Hommes sont-ils capables de l’écouter? Sont-ils prêts à entendre et accepter la doctrine qu’il veut leur enseigner? Très vite, Bouddha comprend qu’il doit dans un premier temps se doter de fidèles disciples qui l’aideront à propager sa doctrine. Son choix se porte naturellement vers ses cinq anciens compagnons de méditation.
– Quoi?! Ceux qui l’avaient abandonné sur le bord de la route parce qu’il avait accepté le bout de pain que lui a tendu un passant?
– Oui, oui, Kevin, c’est bien d’eux dont il s’agit. Mais arrête un peu de m’interrompre, tu perturbes nos lecteurs.
– Ah… Désolé…
Bouddha n’a aucun mal à les retrouver dans le Parc aux Cerfs, situé à quelques kilomètres de Bénarès, sur les rives du Gange. Bien sûr, son accueil est plutôt mitigé, et les ascètes n’ont pas encore pardonné à Siddharta d’avoir renoncé à son mode de vie strict. Mais les cinq hommes se rendent compte que leur ancien chef s’est métamorphosé: il dégage une aura contre laquelle ils ne peuvent pas lutter bien longtemps. Et Bouddha de réaliser son premier discours, son premier sermon, qui pose les principes de sa nouvelle doctrine, le bouddhisme.
Le charisme du nouveau chef religieux ne laisse pas indifférent les passants du Parc des Cerfs. En quelques heures, c’est un véritable attroupement qui se forme autour de lui. À cette première vague de fidèles, il donne le nom de Sangha. Et c’est une révolution! Balayant les principes figés de la société de castes indienne, il accepte parmi son entourage proche des gens de tous horizons, riches comme pauvres, hommes comme femmes!
Tout le monde n’est pas prêt à accepter ce bouleversement des coutumes. Après tout, qui est cet homme qui se croit plus malin que tout le monde? Des quatre coins du pays viennent des gens qui veulent ruiner les efforts de Bouddha.
– Moi, Cinca, je t’accuse de m’avoir violée et de m’avoir mise enceinte!
Dans l’assemblée, tous les regards se tournent vers cette femme élégante dont la voix vengeresse porte de terribles accusations. Ses vêtements moulants mettent en évidence les formes de son ventre arrondi.
– Écoutez-moi tous, vous qui êtes aveuglés par ce Bouddha! Il n’est qu’un imposteur! Il m’a violée, humiliée et abandonnée! Cela vous semble-t-il en accord avec ses enseignements?
Les regards des nombreux disciples se tournent maintenant vers Bouddha. Un silence de plomb règne dans l’Assemblée, chacun guettant avec attention la moindre réaction de leur guide. Celui-ci reste serein. Le visage décontracté, il ferme les yeux et semble se plonger dans la méditation. De longues minutes passent. Alors que tous pensaient que Bouddha se défilait et n’osait pas faire face aux terribles accusations de Cinca, il prend soudain la parole.
– Cinca, ton coeur est impur et tes pensées sont perfides. Pourquoi m’accuses-tu de faits que je n’ai pas commis?
Et Cinca d’éclater en sanglots. Éblouie par l’aura de l’Éveillé, elle avoue la supercherie en brisant le saladier qu’elle avait caché sous sa robe. Tout comme Cinca, tous les ennemis de Bouddha qui tentent de l’approcher, soit pour l’assassiner, soit pour le décrédibiliser, sont irrémédiablement touchés par un bouleversement intérieur et se convertissent aussitôt aux enseignements du Sage.
Les années, les décennies passent. Bouddha est maintenant un vieillard de 80 ans à la peau décharnée. Là où d’autres attendraient patiemment la mort, il déploie une énergie folle et parcourt le pays, accompagné de ses plus fidèles disciples, enseignant les Quatre Nobles Vérités à qui veut les entendre.
Bouddha couché de Na Trang, Vietnam (photo perso)
Un beau jour, il arrive dans le petit village de Pava où le perfide Cunda, le forgeron, l’invite à sa table. Il a préparé un magnifique sukaramaddava, un travers de porc, qu’il sert à Bouddha et à tous ses compagnons.
– Cunda, mon ami, donnez-moi le sukaramaddava, et donnez aux moines les autres plats.
– Co… comment… mais… je…
Cunda est bien embêté. Mais le regard perçant de Bouddha ne lui laisse pas le choix et il s’exécute sans rechigner. Quelques minutes après que Bouddha ait fini son assiette, il est pris de fortes douleurs aux ventres. Cunda éclate alors en sanglots.
– Pardon, maître… Je … je regrette! Je suis désolé de vous avoir empoisonné! Mais pourquoi avez-vous mangé votre assiette, vous qui saviez que le sukaramaddava était empoisonné? Car vous l’aviez deviné, n’est-ce pas? Pourquoi auriez-vous demandé que l’on serve un autre plat à vos compagnons sinon?
Et les regrets de Cunda sont sincères. Et Bouddha ne répond pas aux questions de Cunda. Il se dirige vers son lit et tente de s’endormir, le corps ruisselant de sueur causée par les douleurs atroces qui lui déchirent les entrailles.
Le lendemain matin, pourtant, Bouddha reprend la route avec sa troupe et se dirige, souffrant le martyr, vers le village de Kushinagara. Là, il s’allonge sur le côté droit, sa tête reposant sur sur son bras droit replié. Il est aux portes de sa dernière mort, aux portes du Nirvana.
Dans un dernier effort, Bouddha prend la parole:
– Tout ce qui existe est voué à disparaître. Travaillez pour votre libération et suivez la Voie avec soin.
Tandis qu’il rend son dernier soupir, d’immenses éclairs strient le ciel.
Sept jours durant, sa dépouille sera veillée avec la plus grande dévotion. Bientôt, le corps de Bouddha est allongé sur un immense bûcher. Mais toutes les tentatives pour allumer le bois précieux sont vaines: celui-ci refuse obstinément de prendre feu. Il faut attendre l’arrivée de Mahakashyapa, le premier disciple de Bouddha, pour que le bûcher s’embrase de lui-même.
Ainsi vécut et périt le plus grand homme que la Terre ait porté.
– Alors Kevin, cette histoire t’a-t-elle plue?
– Oui… C’est… c’est beau, mais c’est triste!
– Allons, mon ange, sèche tes larmes. Endors-toi, maintenant. Fais de beaux rêves.
– Bonne nuit, maman.
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Djinnzz
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Très belle conclusion pour une très belle histoire.
Beaucoup de tendresse dans ls dialogues entre Kevin et sa maman.
Une petite bouffée d’oxygène dans ce monde de brutes
J’ai lu les 3 volets de cette histoire (mais ça m’a permis de me remémorer un peu tout ce que je connaissais sur la vie de Bouddha).
Je n’ai pas appris grand chose, mais le style d’écriture est très plaisant.
Merci!