Zhu devient Hongwu, l’Empereur devient fou
Résumé des épisodes précédents
Nous avons vu dans une première partie comment la dynastie mongole des Yuan prit fin en Chine en 1368 sous l’impulsion de l’armée populaire des Turbans Rouges. Zhu Yuanzhang devient cette même année empereur de Chine sous le nom de Ming Hongwu.
L’épisode du jour
Zhu – ou plutôt devrais-je l’appeler Hongwu maintenant – est sans aucun doute un monarque « éclairé », du moins dans ses premières années de règne. Grand amateur de poésie et de littérature, il dévore les pensées de Confucius et de Lao Tseu. Son épouse Ma, la fille de Guo Zhi Xing (le général des Turbans rouges auquel il a succédé durant la guerre contre les Mongols) n’est certainement pas étrangère à cette passion pour les lettres. Humaniste avant l’heure, Ma conduit son époux sur le chemin du progrès social et de la modernisation du pays. Preuve en est sa magnanimité envers les Mongols encore installés dans le pays: « Je ne suis l’ennemi que des ennemis de mon pays », proclame-t-il dès sa prise de fonction lors d’un discours qui fait date. « Aux Mongols et aux musulmans nés sur le sol chinois qui se montreront capables de respecter nos coutumes, je leur garantis la même protection et les mêmes droits qu’à mes patriotes« , ajoute-t-il. Voilà une déclaration pleine de sagesse et pour le moins courageuse! Bon, il aurait pu faire un petit effort supplémentaire et leur proposer la CMU et les allocations familiales, mais faut pas pousser non plus…
Recensement de la population, création de l’école nationale d’administration, travaux d’irrigation, gestion du cadastre, développement des voies de communication,… le règne de Hongwu démarre sur les chapeaux de roue et il parvient rapidement à relancer l’économie rendue moribonde par un siècle de domination mongole.
Le pays pacifié, c’est vers ses voisins que se porte le regard de Hongwu. Au sud, aucun danger à l’horizon: c’est plutôt le Laos, le royaume de Siam ou encore le Vietnam qui craignent leur puissant voisin, non l’inverse. Mais qu’ils se rassurent, le nouvel empereur respecte leur indépendance et leur propose même sa protection… On croit rêver! Au nord, par contre, c’est une autre histoire… Comme toujours, c’est de là que sont à craindre les invasions les plus dangereuses: les Mongols ont perdu une bataille, mais ils ne s’avouent pas encore totalement vaincus. Shundi, le dernier monarque de la dynastie Yuan, a pris la fuite et Hongwu le soupçonne de lever une armée pour récupérer son trône. Ce dernier entreprend donc des travaux colossaux de prolongation et de fortifications de la Grande Muraille de Chine entamé par son lointain prédécesseur Qin Shi Huangdi.
La Grande Muraille de Chine. Source photo: Fabien Dany
Bref, Hongwu semble être le monarque que la Chine attendait pour prospérer et se développer. Mais l’empereur possède également un côté sombre… Obstiné à concentrer tous les pouvoirs entre ses mains, la chasse à ses détracteurs devient une obsession, au point qu’il publie le Grand Livre des Avertissements dans lequel il détaille tous les supplices à pratiquer envers ses opposants. Eau bouillante, coups de bambous (dont l’empereur s’amuse même à préciser le diamètre « réglementaire!), castrations, amputations, écorchements à vif et autres joyeusetés en tous genres sont de mise. Le plus terrible des châtiments consiste même à tuer l’ennemi de 3357 coups de couteau! Apollinaire et ses Onze mille verges, Vlad Tepes ou Basile II passent pour des petits joueurs à côté de lui…
Rongé par un délire obsessionnel de persécution, Hongwu ordonne la mise à mort de dizaine de milliers de Chinois, dont ses plus proches amis et conseillers. Est-il réellement tombé dans la démence ou ne s’agit-il là que d’une méthode, certes cruelle, mais nécessaire, pour faire régner l’ordre dans le pays? On peut légitimement se poser la question lorsqu’on lit des extraits de son Livre des enseignements du Fondateur de la dynastie Ming dans lequel il enjoint ses héritiers à abandonner ses pratiques barbares, estimant que celles-ci « ne peuvent être que des mesures provisoires, pas une méthode à long terme ».
Quoi qu’il en soit, la dynastie Ming dont Hongwu est le créateur est considérée comme l’une des plus grandes dynasties chinoises. Et ça, ça vaut bien quelques dommages collatéraux, non?
L’Info du Jour qui te permet de briller en société
Une des premières actions politiques de Hongwu est de transférer la capitale du pays de Pékin (« la capitale du nord ») à Nankin (« la capitale du Sud »). En 1368, des travaux gigantesques sont entrepris pour embellir la cité: muraille, plantation d’arbres, percement de canaux,… 200.000 ouvriers pendant 21 ans seront nécéssaires pour réaliser les travaux.
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En voilà un qui est bien vrillé du cerveau.
Et dire que, pendant ce temps-là, la guerre de cent ans faisait rage en France.
Je ne vois pas le rapport avec la guerre de Cent ans 😕
(et non, il n’y a que nos gentils dirigeants UMPS pour accorder allocs’ et CMU à n’importe qui…)
3357 coups de couteau! 😯
Deux secondes, je vais vomir…
le plus dure était de garder la victime en vie pendant les 3356 1er coup de couteau…
Que ce soit Zhu ou Hongwu, ça reste deux noms de merde!!!
Il pouvait pas s’appeler François ou Nicolas, comme tout le monde? 😆
Et le « supplice des cent morceaux » c’est de cette époque aussi ?
Wikipedia nous dit que:
« Le lingchi (en chinois 凌遲) était un supplice en usage en Chine, infligé dans le cadre d’une condamnation à mort pour certains crimes exceptionnels (rébellion contre l’empereur, parricide, etc.), mais aussi pour d’autres délits tels la propagation d’une religion ressentie comme perverse. Également connu sous l’appellation de « huit couteaux » ou « cent morceaux », traduit aussi parfois par « mort languissante » ou « mort des mille coupures », le lingchi consiste à entailler et retirer successivement des parties et des membres du condamné avant de lui trancher la tête. L’utilisation d’opium permettait aux bourreaux de maintenir en vie le supplicié plus longtemps.
Cette forme d’exécution a été pratiquée en Chine entre le début du xe siècle et 19051. »
Les dates ont donc l’air de correspondre!
La torture est un art délicat. Les différentes techniques et leurs évolutions seraient d’ailleurs le sujet d’un excellent article! (Djinnzz, si vous passez dans le coin…)