« Quel capharnaüm, ta chambre! » ou en moins enrobé : « quel bordel ta piaule ! »
La définition
Ce nom « capharnaüm » est utilisé pour parler d’un lieu en désordre où l’on rencontre de nombreux objets entassés pêle-mêle. Par métonymie, il peut désigner aussi l’amas lui-même de ces objets.
On peut le trouver également pour parler d’un lieu cumulant désordre et débauche.
Les synonymes en sont nombreux, avec des degrés divers d’intensité: bazar, bordel, bric-à-brac, chantier, désordre, fouillis, fourbi, mélange, pagaille, souk, etc…
Mais d’où nous vient cette expression?
L’origine
Comme vous le savez ou l’avez oublié, Capharnaüm est le nom d’une ancienne petite ville au nord d’Israël.
Du temps du Christ, c’était un village de pêcheurs de l’ancienne province de Galilée au nord-ouest du lac de Tibériade. Son nom signifiait « Village de la Compassion » ou « Village de la Consolation ».
C’est à Capharnaüm que Jésus vint après sa tentation au désert et qu’il rencontra Simon Pierre et son frère André qu’il choisit pour ses premiers disciples. Il s’établit dans la maison de Pierre qui habitait ce village de quelque 1.000 habitants. C’est là qu’il commença son ministère et se mit à prêcher.
Jésus, ayant appris que Jean avait été livré, se retira dans la Galilée. Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capernaüm, située près de la mer, dans le territoire de Zabulon et de Nephthali, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète. (…) Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
(Matthieu, IV, 12-17)
Simultanément, il opéra de spectaculaires guérisons de personnes malades et handicapées, ce qui fit grandir sa renommée et attira les populations.
Mais pourquoi, cette connotation au désordre, voire à la pagaille ?
Dans cette ville, Jésus fut assailli par une foule hétéroclite de malades ayant entendu parler de ses miracles et cherchant la guérison: démoniaques, lépreux, paralytiques, aveugles… (Luc IV, 40-41; Matthieu, IV, 23-25, etc.). Une vraie cour des miracles.
Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques; et il les guérissait.
(Matthieu, IV, 23-24)
Outre ces malades, une multitude de gens originaires de toutes les contrées, qu’ils soient Juifs ou non, venaient entendre la prédication de Jésus (Matthieu, IV, 25). Ils formaient une foule désorganisée qui suivait le Christ, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur le plan de l’intendance: possibilité de se déplacer, campements de fortune où passer la nuit, ordures et divers objets entassés…
Au final, un vrai « capharnaüm », en somme!
Mais n’oublions pas la signification première du nom de Capharnaüm: « village de la compassion ». Ce nom ne pouvait vraiment pas mieux correspondre à la compassion du Christ à l’égard de la population et de la consolation qu’il apportait aux malades.
Pour la petite histoire, il est amusant de noter que le mot de l’ancien parler gâtinais (une région regroupant grosso modo Loiret, Seine-et-Marne, Essonne et Yonne): « cafourniau » qui désigne une petite pièce située à côté d’une maison et servant de débarras, de fourre-tout est vraisemblablement un dérivé de « capharnaüm ».
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Pour ma part, on m’avait appris que capharnaüm signifiait littéralement « le village de Nahum », du nom du « petit prophète » qui a son livre dans l’Ancien Testament: le livre de Nahum, qui parle notamment de la destruction de la ville de Ninive.
Je complète mon premier commentaire pur ne pas qu’il y ait de confusions… le terme de « petit » prophète n’est pas péjoratif, il est employé pour désigner les 12 prohètes de l’Ancien Testament qui ont un livre dédié contenant peu de pages.
Par opposition aux quatre « grands » prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel) qui eux ont beaucoup plus e visibilité dans la Bible.
J’ai également oublié dans mon premier commentaire de faire les félicitations d’usage pour votre publication.
Bonne soirée
Merci beaucoup pour cette petite brève de culture très plaisante lire !
Vas-y le mec qui fait genre qui t’explique un mot que personne connaît.
Ecris des trucs utiles, putain. Explique-nous des mots qu’on utilise tous les jours, genre « schnek » ou « bouillave ». Ca, ca serait utile, tavu.
J’t’ai à l’œil, cousin.
Boum.
Merci pour l’article je suis pas venue depuis quelque temps sur le site. .. Tu as beaucoup écrit, et comme toujours JADORE alors merciiiiii :3 😀