[Une expression à la loupe] Aller « chez ma Tante »
Non ! Rien à voir avec vos histoires de famille ni avec la chanson de Pierre Perret, même s’il y a peut-être des chats chez elle.
Vous êtes fauché comme les blés et avez un besoin urgent de pépettes. Allez hop, chez ma Tante, pour y déposer quelques objets qui ont encore un peu de valeur contre un prêt d’argent frais.
Si vous avez de la chance, vous pourrez ensuite récupérer vos biens contre remboursement de la somme prêtée.
Vous l’aurez compris, « chez ma Tante » est une expression populaire qui désigne un établissement de prêt sur gage, actuellement le Crédit Municipal.
L’origine de l’expression est vraisemblablement due au fils du roi Louis Philippe, François d’Orléans, qui prétexta auprès de sa mère, la reine Marie-Amélie, avoir oublié chez « sa Tante » la montre qu’elle lui avait offerte et qu’il avait en fait mis en gage pour honorer une dette de jeu.
D’autres explications ont été avancées parfois un peu tirées par les cheveux:
– Ainsi, lorsqu’une personne ne voulait pas avouer que l’arrivée soudaine d’argent provenait d’un tel prêt, elle invoquait l’aide de la famille. L’expression serait une féminisation du mot « oncle » qui en Belgique désignait un prêteur sur gage.
– L’expression était également utilisée par les familles fortunées qui avaient besoin transitoirement d’argent et qui expliquaient ainsi la disparition chez eux de meubles ou d’objets précieux: « je les ai placés chez ma Tante ». Pratique.
– Le mot « Tante » pourrait aussi plus simplement désigner une femme plus âgée que vous que, par affection, vous appelez ainsi, sans qu’elle soit de votre famille, et à qui vous pouvez faire appel en cas de besoin.
Autres appellations
L’appellation la plus ancienne et plus « noble » est le Mont-de-Piété qui viendrait de l’italien monte di pieta, signifiant littéralement « montant d’argent de pitié » et qui a ensuite dérapé en français.
Plus prosaïquement, on parle aussi du « clou » où étaient supposés être attachés les objets déposés. C’est plus « sec » et ça n’a rien à voir avec votre vélo…
Pour votre culture
Historiquement le « Mont de Piété » a été fondé en France par Théophraste Renaudot (également fondateur de la Gazette) au début du XVIIème siècle. Il voulait lutter contre les taux d’usure alors pratiqués pour les prêts d’argent.
Le prêt sur gage a été longtemps une pratique courante, parfois quotidienne, pour la population pauvre, puis même pour les familles fortunées quand elles avaient à faire face à un événement imprévu.
L’institution a beaucoup évolué adoptant d’autres pratiques en sus des prêts sur gage. Étonnamment, 90% des objets déposés sont récupérés par leurs propriétaires. Et c’est plutôt rassurant, si vous voulez mon avis… Quant aux 10% restants, ils sont régulièrement vendus aux enchères: pensez-y si vous voulez faire de bonnes affaires !
Un conseil, si donc un jour, vous songez à rendre visite à ma Tante: assurez-vous que vos gages ne sont ni des contrefaçons ni du toc, ou elle risque bien de envoyer voir si sa grand-mère fait du vélo en grimpant au Mont-de-Piété sur son clou!
____________________________________
Vous avez aimé cet article ? Alors j'ai besoin de vous ! Vous pouvez soutenir le blog sur Tipeee. Un beau geste, facile à faire, et qui permettra à EtaleTaCulture de garder son indépendance et d'assurer sa survie...
Objectif: 50 donateurs
Récompense: du contenu exclusif et/ou en avant-première
Je vous remercie pour tout le soutien que vous m'apportez depuis maintenant 5 ans, amis lecteurs!
Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
Je suis le seul à avoir cru qu’aller chez sa tante c’était aller voir son meilleur pote gay ?
>_<
Non, moi aussi !
\o/
On trouvera toujours un moyen pour presser les pauvres comme des citrons.
Ils reprennent les objets à des prix misérables et vous parlent comme à de la m***
Je connais, j’y suis allé. Il fut un temps j’avais besoin d’argent, mais ça va mieux maintenant.
Et quand le « pauvre » a donné tout ce qu’il possède, il fait quoi ? Il crève comme un misérable dans la rue… Mais personne ne se sent concerné tant qu’il n’a pas lui-même touché le fond. Triste monde.
Merci pour votre témoignage.
Pour ma part, je ne savais même pas que le Crédit Municipal existait encore… Ca ne me semble pas un très bon moyen pour sortir la tête hors de l’eau quand on est dans la mer***
Déjà, il faut du patrimoine à placer (bijoux…) ce qui n’est pas le cas chez la plupart des gens.
Je suis aussi assez surpris par la statistique des 90% qui viennent rechercher leur objet : ca tendrait à prouver que ce ne sont pas les gens qui sont VRAIMENT dans le besoin qui se servent de ce service, car malheureusement bien plus de 90% des pauvres vont le rester longtemps sans grand espoir de voir leur situation s’améliorer.
Le crédit municipal est-il donc un service « social » ? On peut se poser la question…
J’ai eu envie d’approfondir.
Le site http://www.pretsurgage.fr/ , a priori un site institutionnel et non un site d’une entreprise privée, nous apprend que les principaux objets à mettre en gages sont : les bijoux, les montres, les instruments de musique et les horloges de valeur.
Les armes anciennes, les bandes dessinées (???), les fourrures et les jouets de collection sont également pris, tout comme bien sûr les métaux précieux et les objets d’art.
C’est clair que ce n’est pas n’importe quel « pauvre » qui a les moyens de posséder ce genre d’objets.
Quand on observe les thématiques des prochaines vente aux enchères dans les différentes villes de France, une seule thématique revient le plus souvent : les BIJOUX.
Autre info : en réponse à @Jean, ce n’est DEFINITIVEMENT pas un service SOCIAL. En effet, les prêts alloués aux particuliers sont soumis à un TAUX D’INTERET. J’étais pour ma part persuadé qu’on pouvait rembourser la somme empruntée sans intérêts, et que le service faisait son beurre uniquement sur les ventes aux enchères.
Donc soit on ne rembourse pas et on perd son objet de valeur, qui sera revendu bien plus cher aux enchères.
Soit on récupère son objet en payant un taux d’intérêt.
C’est perdant / perdant pour le particulier, et gagnant / gagnant pour l’institution…
Je ne vois pas en quoi c’est perdant / perdant.
C’est un service de prêt sur gages, avec ses avantages et ses inconvénients.
D’autres solutions existent pour ceux qui ont besoin de liquidités tout de suite, comme les prêts à la consommation… Vecteurs de sur-endettement et de misère sociale pour ceux qui ne savent pas gérer leur budget.
Si les prêts sur gages éteint de telles arnaques votre vous le dites, l’institution du crédit municipal n’aurait pas survécu à travers les siecles…
Ce n’est ni tout noir, ni tout blanc. Mais le gris existe dans la vie…
» CMP Banque (Crédit Municipal de Paris), est une institution bancaire à vocation sociale qui propose, à travers son réseau d’agences, une gamme de crédits et services pour répondre aux besoins de financement de sa clientèle. Spécialiste des prêts personnels et plus particulièrement des prêts de restructuration, CMP Banque s’adresse à des clients privés et aux associations en Ile-de-France. Institution bancaire atypique, la banque du Crédit Municipal de Paris place la responsabilité sociale au coeur de sa mission. Par son approche attentive et globale du budget des clients, elle contribue efficacement et durablement à la prévention du surendettement. »
Que ceux qui disent que le Crédit Municipal s’en met plein les poches sur le dos des « pauvres », ca me fait rire… L’institution est au contraire en plein déficit. Lire cet article : http://bit.ly/2fuwhzn
Salut Djinnzz, juste un mot rapide pour te dire que ton site est TROP COOL.
Merci à toi et continue mec
Merci Geyne 🙂
Au plaisir d’échanger un de ces quatre !