[Idée reçue n°4] Le Kâmasûtra est un livre pornographique
Qu’il est dommage, si vous voulez mon avis, que le Kâmasûtra soit réduit à un simple recueil de positions sexuelles! Depuis que cette croyance populaire est répandue, il n’est plus possible d’exhiber fièrement son Kâmasûtra dans sa bibliothèque sous peine de passer pour un gros pervers aux yeux de son entourage. Plus qu’un choix possible: en acheter un en douce et le planquer dans sa table de chevet pour le feuilleter à la nuit tombée quand toute la maisonnée est endormie (par simple curiosité intellectuelle, bien évidemment!). Pourtant, les 64 positions amoureuses qui y sont décrites ne sont qu’une infime partie de ce recueil de textes indiens datant environ du Ve siècle. Destiné à l’origine à l’aristocratie indienne, c’est un texte fondateur pour comprendre (en partie) l’Hindouisme et le fonctionnement de la société indienne du Ve siècle.
Dans l’Hindouisme, l’existence humaine est divisée en quatre étapes:
- L’éducation, durant laquelle on doit apprendre les textes sacrés, les Vedas;
- La vie active et sociale, dont le but est d’obtenir une descendance;
- La retraite, physique et spirituelle, dans laquelle on se détache des biens matériels;
- La libération spirituelle et l’accès au Samsara, le cycle des renaissances.
Comme le dit Vâtsyâyana, l’auteur du Kâmasûtra, en introduction au deuxième chapitre du livre:
« L’homme, dont la période de vie est de cent années, doit pratiquer Dharma [ndr: la sagesse], Artha [ndr: la prospérité matérielle] et Kama [ndr: le désir] à différentes époques, et de telle manière qu’ils puissent s’harmoniser entre eux sans le moindre désaccord. »
Le Kâmasûtra est donc consacré, comme son nom l’indique, au kama, la période de la vie d’un homme dédiée à l’amour et à la procréation. Richement illustré de miniatures explicites, le livre prodigue des conseils pour une vie harmonieuse au sein du couple. Mais on y apprend également que l’art érotique comprend 64 « kalas », des activités connexes aussi diverses que la danse, la musique, la confection de bouquets de fleurs, la préparation des parfums, la manucure, l’agriculture, le jonglage, et même… la mécanique! (la liste complète des 64 kalas ici).
Contrairement à la croyance populaire en Occident, le Kâmasûtra n’est donc pas du tout un ouvrage pornographique écrit par un vieil Hindou vicelard. C’est au contraire un traité qui vise à énoncer la norme en matière de conduite amoureuse et à établir un code de conduite pour régir l’ordre social et religieux.
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L’excuse de la culture hindoue et tout le tralala, c’est une excuse pour s’en acheter un peinard, on est d’accord?
🙂
Alors premièrement, le commentaire d’Harry est trop drôle ! Moi, d’un point de vue de femme, je suis totalement d’accord avec toi, je pense que le Kamasutra est plus une ouverture sur soi même, sur l’autre aussi et sur son couple ! Et depuis que nous l’étudions avec mon mari, eh bien nous avons trouvé un certain équilibre (pas de mauvais jeu de mot) qui nous fait du bien (là aussi pas de mauvais jeu de mot) !
« Etudier » le Kama Sutra ?
Y’a un examen à la fin? Huhuhu
Je plaisante, je trouve ça super en fait. Moi, mon copain est plutôt branché missionnaire alors bon, point de vue acrobaties ou voltige aérienne, on repassera!