Sappho, Lesbos et l’origine du mot lesbienne
Présentation
Sapphô est une poétesse grecque vivant aux alentours de 600 avant Jésus-Christ. C’est une Lesbienne, c’est même LA Lesbienne la plus connue de tous les temps. Il faut entendre ici le mot comme une habitante de l’île de Lesbos… Eh oui, ce n’est que tout récemment (depuis le XIXe siècle, en fait) que ce terme désigne une femme homosexuelle. Et avant cette date ? On ne les appelle pas, tout simplement. Depuis la Grèce antique, l’homosexualité (et notamment l’homosexualité féminine) est généralement considérée comme contre-nature et ne mérite donc même pas qu’on lui consacre un mot dans le dictionnaire… Nous y reviendrons.
Sapphô, donc, habite sur l’île de Lesbos. Ses poèmes sont des odes à l’Amour sous toutes ses formes. Elle y exprime de fortes émotions, notamment orientées vers les autres femmes. Au XIe siècle, ses œuvres furent brûlées sur ordre des autorités ecclésiastiques… Il ne nous reste plus que quelques fragments épars des écrits de la poétesse, dont ce magnifique poème nommé Ode à une Femme aimée:
L’homme fortuné qu’enivre ta présence
Me semble l’égal des dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence,
Et moi, sanglotant,Je frissonne toute et ma langue est brisée:
Subtile, une flamme a traversé ma chair
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Âpre de la mer;Un bourdonnement remplit de bruits d’orage
Mes oreilles, car je sombre sous l’effort,
Plus pâle que l’herbe, et je vois ton visage
À travers la mort…
La bizarrerie Sapphô
Chose étonnante, Sapphô est la seule femme homosexuelle notoire de l’Histoire! Il faut ensuite avancer de deux mille ans (DEUX MILLE ANS!) pour trouver une femme qui aime les femmes (et qui ne s’en cache pas): la reine de Suède Christine (1626-1689). Le XVIIe siècle signe la « renaissance » d’une certaine liberté sexuelle: les relations intimes entre deux femmes sont acceptées (voire encouragées selon l’époque et la mode du moment). Ces amours spéciales sont encore traitées pudiquement d’ « amitiés romantiques » (mais personne n’est dupe), la plus connue étant bien sûr celle que Mme de Staël entretenait avec Juliette Récamier au XVIIIe siècle.
Sapphô est ainsi une bizarrerie merveilleuse de l’Histoire. Une homosexuelle qui s’assumait comme telle, avec plus de deux millénaires d’avance sur son temps!
Au XIXe siècle, on se rappellera d’elle pour trouver un terme médical à cette « maladie mentale » qu’est l’homosexualité. Le lesbianisme, dont un des synonymes est d’ailleurs le saphisme (adjectif: saphique), était né.
Heureusement, certains artistes agirent pour faire avancer la cause…
Triste fin pour Sapphô
Comme toutes les artistes, son destin est tragique (et au moins aussi triste que celui de la pauvre Camille Claudel)… Sapphô voue un amour absolu et éternel au navigateur Phaon (elle est comme ça, Sapphô, elle aime les jolies filles mais ça ne l’empêche pas d’aller draguer sur le port à la recherche de beaux marins).
Cet amour envers un homme n’est d’ailleurs pas anodin. Beaucoup d’historiens (dont Ovide) ont insisté sur lui, comme pour « gommer » l’homosexualité de Sapphô, ou du moins la mettre au second plan. Tsss… ne soyons pas dupes!
Les premiers mois de la relation avec Phaon furent passionnés. Mais très vite le jeune homme va se détourner d’elle. C’est qu’elle est un peu lourde sur les bords, avec sa recherche d’un amour absolu et éternel… Tu m’aimes vraiment dis-moi, tu m’aimes, tu m’aimes, tu m’aimes? C’est tout ce qu’elle sait dire… En bouffant, en se rasant, quand il voudrait dormir, Phaon doit lui dire qu’il l’aime. Et il en a plein le cul, Phaon. Alors, un beau jour, il prend ses clics, ses clacs et son bateau et ciao la compagnie.
Sapphô est inconsolable. Pendant un moment intense de désespoir, elle se rappelle de la légende du rocher de Leucade, une falaise du haut de laquelle les amoureux éconduits peuvent sauter pour se soigner d’un chagrin d’amour. La méthode est radicale: si on survit à la chute, on peut enfin tourner la page et retrouver le bonheur. Par contre, de mémoire d’homme, on ne connaît personne qui en soit sorti vivant…
Sapphô se rend donc sur l’île de Leucade, gravit la falaise, saute… et meurt. Voilà. Jusque dans la mort, elle aura témoigné de la puissance de l’Amour, capable de transformer, de transcender la vie pour le meilleur… et parfois pour le pire.
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Salut, bon résumé ! petite erreur cependant : l’homosexualité n’est pas si « contre-nature » que cela. Pour faire l’éducation sexuel des jeunes hommes, souvent la pratique homosexuel était de rigueur. Un « dépucelage ritualisé » en quelque sorte !
Les « couples » sont formés d’un adulte, appelé « éraste », et d’un adolescent, appelé « éromène »…de la on arrive facilement au « pédéraste ».
On peut ajouter aussi que Sappho est considéré comme la plus grande poétesse de l’histoire par beaucoup 😉
Sources : Faut que je retrouve tout ça, c’est resté dans un coin de ma tête dirons-nous 🙄
PS: Si vous désirez une quelconque aide pour le site, n’hésitez-pas 😉
Et voici un des tous premiers articles écrits sur ce blog que j’ai dépoussiéré, totalement réécrit et mis en page.
Pas de panique donc si vous avez une impression étrange de « déjà-vu »… 😉
Djinnz je te conseille la lecture de la préface du livre d’Aurore Guillemette, Sapphô la Xème muse : https://www.amazon.fr/Sapphô-Dixième-Muse-Aurore-Guillemette/dp/2955803308
Je suis l’auteure de la préface, et je tombe sur cet article. Quel hasard !!!
Je suis l’auteure de la préface, et je tombe sur cet article. Quel hasard !!!
Merci beaucoup !!! :O
Remarquez d’abord le nombre actuel de lesbiennes. Jamais le saphisme n’eut autant d’adeptes. Pourquoi? Parce que la tuerie de la guerre a condamné trois femmes sur quatre au célibat. — (Georges Anquetil & Colette de Magny; L’Amant légitime ou la bourgeoise libertine,1923)
Quand il n’y a plus d’hommes, il faut bien s’occuper…
Oui enfin, même entourées d’hommes beaux et séduisants les lesbiennes restent lesbiennes 😉
salut les genies de la recherche de etales ta science ^^
j’aimerais savoir savez vous d’ou viens ce symbole « § » ??
il signifie paragraphe on est d’accord mais d’ou est son origine que signifiait-il avant qu’on l’utilise comme ca?
quel culture l’aurais créé?
si vous avez une reponse merci de me la faire parvenir sa m’aiderais beaucoup
Houla, vous me posez une belle colle!
Autant l’esperluette (&) et l’arobase (@) ont une origine connue, autant je n’ai absolument rien trouvé concernant le symbole paragraphe…
Je reste à l’affût et je reviens ici si je trouve quelque chose d’intéressant!
Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a un peu fait penser à Nougaro dans le dernier paragraphe… 😛
L’amour, son bel amour, il ne vaut pas bien cher contre un calendrier
Le battement de son cœur, la douceur de sa chair… je les ai oubliés
Souvent je me doute qu’il y a des petites références cachées dans certains articles, c’est toujours une fierté de savoir les détecter!! 😀
Gagné! ^^
…et c’est pour moi toujours un plaisir d’en glisser ici et là…
Une petite fille en pleurs, de Claude Nougaro:
Navré de vous décevoir, mais Phaon n’existe probablement pas!
Les récits de Sappho ont été maintes fois censurés et réécrits, en partie parce qu’elle était détesté par nombre des hommes envieux de l’époque, et ce sont perdues avec le temps, il ne faut donc pas toujours croire ce qu’on en lit. C’est déjà bien de savoir qu’elle a existé! Phaon, entre autres, remplace probablement un autre nom, une des censures. Une des versions attribue d’ailleurs cet amour à Artémise I. Et en lisant ses récits (s’ils n’ont pas été trop modelés par le temps), on peut penser aussi à Andromède. Disons que l’histoire de Sappho n’est que spéculation, et qu’il ne reste que trop peu de fragments de ses poèmes pour se faire une meilleure idée de ses chagrins. Quoiqu’il en soit, elle est morte d’amour, c’est la plus belle histoire d’amour que j’ai pu lire, et bien malheureusement la plus triste (vous pourrez lire une version par Ellen Caroline « Fragment d’Exil », qui reprend certains vers retrouvés et l’histoire de Lesbôs à cette époque, très bien reconstituée d’après mes nombreuses recherches)
Si Sappho savait que sa postérité a traversée les millénaires!
» Et avant cette date ? On ne les appelle pas, tout simplement. Depuis la Grèce antique, l’homosexualité (et notamment l’homosexualité féminine) est généralement considérée comme contre-nature et ne mérite donc même pas qu’on lui consacre un mot dans le dictionnaire… » Aie ! L’homosexualité contre nature en Grèce ? Féminine, j’en sais rien, mais masculine certainement pas ! Bien au contraire…
Les grecs ne sont pas seulement une société phallocratique (au point d’ériger l’organe en statues), pour eux le corps de l’homme est le corps parfait, c’est le corps musclé que l’on montre durant les jeux. Celui de la femme ? Quoi ! Cette chose flasque et hystérique dans l’âme? Non, bien sur que non, comment pourrait ils l’aimer ? Les relations entre deux hommes (et je ne parle pas là de la pédérastie, sans connotation et dans son sens d’origine, qui est institutionnalisée) sont des choses tout à fait acceptable, bien sûr, la construction d’un foyer nécessite de se marier à une femme et d’avoir des relations, mais ça semble être plus un devoir qu’un plaisir (ou tout du moins, c’est ce qu’on laisse paraître…).
D’ailleurs, si cette femme a vraiment existé, ce qui gênait était s’en doute plus qu’elle n’était pas à sa place, le rôle de la femme en Grèce antique est très secondaire et elle est censée se faire discrète, c’est peut être plutôt ça qui a gêné. Ça me rappelle d’ailleurs le scandale qu’avait fait Périclès en étant juste et bon avec son épouse…
Bonjour Octavien,
Merci pour tex explications !
« Depuis la Grèce antique, l’homosexualité est généralement considérée comme contre-nature » : tu as raison, je me suis sans doute mal exprimé dans cette phrase, je voulais dire « depuis la fin de la Grèce antique ».
C’est vrai que les Grecs avaient un rapport particulier et très complexe avec l’homosexualité…
Bonjour, perso, ce qui m’esbaubi c’est le pourquoi du comment que le poème cité, n’a sans doute jamais entendu parler du français à l’époque où il a été écrit, et que sa « traduction » ainsi que ses rimes, en soient si parfaitement adaptées dans notre si belle langue.
Aurions nous affaire avec un joli faux?
Info Sappho?
😀
Salut je passais par là et même si cet article est vieux je tenais juste à dire que comme beaucoup d’autres textes à ce sujet il y a une grosse erreur ici ! En effet, on confond souvent Sappho de Lesbos avec Sappho d’Erese, une courtisane célèbre qui écrivit aussi quelques poèmes. Or, c’est cette dernière qui tombe follement amoureuse de Phaon et se suicide de désespoir en sautant du rocher de Leucade ! On ne connaît pas la cause de la mort de Sappho de Lesbos mais ce qui est sûr c’est que cette belle histoire d’amour tragique ne lui est pas arrivée. Tout un mythe magnifique qui s’écroule ! Je vous pardonne car de nombreux auteurs, jusqu’à Baudelaire, firent cette erreur…
Merci quand même pour cet article !
Hello !
Je n’ai jamais entendu parler de cette théorie.
Etes-vous sûre de vous ? Car la ville d’Érèse est elle-même sur l’île de Lesbos !
Deux Sappho célèbres originaires de la même île, cela paraît beaucoup…
C’est cool cet article°•°
:-)))))))
Et alors tu veux une médaille ,