[Spleen] Pourquoi les poètes du XIXe étaient-ils si tristes ?
La mélancolie est un affect qu’on définit généralement comme une absence du goût de vivre, un sentiment de tristesse mêlée à de la nostalgie. En littérature, et plus particulièrement en poésie, cet affect est souvent attribué aux Romantiques. C’est ce que Musset et Chateaubriand nommaient le Mal du Siècle et qui en s’intensifiant, est devenu chez Baudelaire, le Spleen.
Tentons de comprendre les mutations sociales profondes qui ont pu engendrer cet état d’âme caractéristique de la poésie du XIXe siècle…
Le XIXe, en gros, c’est la révolution industrielle. Les villes se transforment et le capitalisme inscrit peu à peu le soucis du quantitatif et de la richesse dans les mentalités, au détriment de l’individu. Du coup, l’espoir d’une vie meilleure et d’un travail poussent les populations rurales à aller s’entasser dans les villes. Les modes de vie vont commencer à s’uniformiser.
Dans le même temps, le rationalisme des Lumières et l’empire de la science ont désenchanté le monde, pour reprendre l’expression inventée par Max Weber.
Tout devient objectivité.
Les symboles disparaissent.
Le religieux recule et ne détermine plus les conduites ni la conception du monde.
Le rapport à Dieu, quand il ne disparaît tout simplement pas, se fait plus discret.
Bien souvent, ce sont finalement le sens de la vie et les valeurs anciennes qui se perdent.
Le poète romantique se place en désaccord fondamental avec la société moderne. Il devient un pariât, un maudit, cherchant dans l’art et la poésie un remède à ces désenchantements successifs. On voit éclore un culte de la subjectivité, du Moi profond qui se traduit par des vers marqués par un lyrisme exacerbé, qu’on considère aujourd’hui comme terriblement cliché, comme le célèbre:
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
de Lamartine.
La Nature est également un motif récurent de la poésie romantique. Elle est considérée par ces derniers comme le sanctuaire du souffle divin que seul le poète peut encore sentir. Et Baudelaire de clamer dans le poème Correspondances:
La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles.
Elle protège aussi l’artiste de la mauvaise influence de la civilisation. Rousseau déjà au XVIIIe s’y était isolé et s’était en même temps couvert de ridicule…
La poésie romantique est donc l’expression d’une quête pour retrouver une spiritualité perdue. Elle se fait alors reliquat de croyances païennes ancestrales comme le pythagorisme, du « tout est sensible! » chez Nerval, pour réintroduire les idéaux passés dans le présent.
Et l’art, par le rêve, le mystère, le voyage, jusqu’à parfois la folie, franchira toutes les limites pour produire grâce à l’imagination une poésie sacrée et sensible, débarrassée des carcans où les contraires, loin de s’opposer, s’enrichissent en se réunissant.
Les Fleurs du Mal de Baudelaire reste un exemple éclatant qui résume assez bien les aspirations d’une génération de poètes plongés dans une période d’incertitude où l’art, par leur biais, se fait sacré à la place du sacré. D’où le nom de la première partie du recueil: Spleen et Idéal.
Merci de votre attention !
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« Bien souvent, ce sont finalement le sens de la vie et les valeurs anciennes qui se perdent. »
Un peu comme maintenant, non ?
« Pourquoi les poètes du XIXe étaient-ils si tristes ? »
Mais elle complètement con ta question. La réponse est tellement évidente :
– Parce que ça donne un genre… Le genre « poète maudit » – Fuck la société – tu peux pas comprendre c’que j’dis, j’suis trop profond pour toi
(aujourd’hui, ces gens-là se recouvrent la gueule de fond de teint, portent des jeans troués et écoutent du Marilyn Manson à longueur de journée)
(juge pas, tu peux pas comprendre)
– Parce que la gaieté ça va bien 5 minutes, mais c’est très vite chiant à force. Comme une chanson de Grégoire.
(Toi, plus moi, plus lui, plus elle, plus tous ceux qui sont seuls… ♪♫)
(c’est juste pas possible)
– Parce qu’être triste, ça donne une bonne raison de se bourrer la gueule
(et de fumer de la drogue)
– Parce que la peur et la tristesse, c’est plus vendeur que la joie et les youpi-tralala
(y’a qu’à écouter les hommes politiques parler – pas un ne parlent un peu de positif)
(CQFD)
Bon ben voilà, je vous ai déjà donné 4 putains de bonne raison. Me remerciez pas, putain.
(et la chanson de Grégoire que je vous ai mis dans la tête, c’est cadeau)
Je prie pour que ce soit une plaisanterie.
Il n’y a qu’à voir leur photo tout en haut de la page… Pas un ne sourit, tous font la gueule. C’est frappant.
Lamartine esquisse un semblant de sourire… Mais vraiment très léger !
La tristesse, ça donne de la profondeur aux gens.
ppda (il ne sourit pas beaucoup non plus) décrit si bien la poésie dans son l’introduction de son livre « et puis voici des fleurs »
« il faut lire la poésie, c’est un acte de salubrité personnelle que la sécurité sociale devrait pouvoir rembourser. Il faut aussi continuer à en écrire, car c’est ainsi qu’on évacue les trop-pleins d’émotions qui parfois nous submergent… »
ces quelques lignes résument toute la poésie.
Parfois quelques mots suffisent
pour rendre les minutes exquises…