La guerre de Troie – partie 4
Cet article est le quatrième volet d’un dossier consacré à la guerre de Troie. Chaque article peut se lire individuellement!
Partie 1 – Prélude d’un Massacre
Partie 2 – Hélène et les Garçons
Partie 3 – Présentation des troupes
Partie 4 – Merde! C’est par où, Troie?
Partie 5 – A paraître
Partie 6 – A paraître
La présentation des troupes a assez duré, place aux combats! Après le rassemblement des troupes, les Grecs embarquent sur leurs navires de guerre et mettent le cap sur Troie, située en Turquie actuelle. Mais il y a un hic…
Chapitre 6: La guerre contre les Mysiens
– Euh… Captain!
– Oui, moussaillon?
– Euh… C’est vers où, Troie?
– Ben… J’en sais rien, moi! T’as pas une carte?
– Une quoi?
Et c’est ainsi que ces gros bourrins d’Achéens débarquent en Mysie, une région au Nord de la Turquie, à plusieurs centaines de kilomètres de leur objectif (la Mysie est située à côté de la Bythinie, vous vous rappelez de Jules César?). Et comme les Achéens, ils ne sont pas là pour rigoler, ils commencent à piller le pays et à massacrer ces pauvres Mysiens qui n’ont rien demandé à personne…
Mais les Achéens n’ont pas frappé à la bonne porte! Car le roi de Mysie n’est pas n’importe qui: il s’appelle Télèphe, et est le fils d’Hercule! Ce dernier a de qui tenir: il rassemble son armée et combat fièrement les envahisseurs. Au terme d’un combat épique, les Grecs sont défaits et sont obligés de se replier chez eux. Mais Achille est parvenu à blesser Télèphe à la cuisse… et la plaie ne se referme pas, malgré tous les médecins qui se pressent au chevet du roi de Mysie.
Télèphe enfant dans les bras de son père Hercule
Télèphe se résoud donc à consulter un oracle qui lui prédit que « seul ce qui l’a blessé peut le guérir ». Et voilà le fils d’Hercule obligé d’aller retrouver Achille! Il traverse à son tour la mer Égée et se rend à Argos, où tous les Achéens se sont retrouvés pour une réunion de crise.
Déguisé en mendiant, Télèphe parvient à se glisser parmi les chefs de guerre grecs:
– Ils sont trop forts, ces Troyens, on n’arrivera jamais à les buter!
– Mais… T’es con ou quoi? On n’y a même pas foutu les pieds, à Troie!
– Ah bon? Mais c’était qui, alors, ceux qui nous ont massacrés?
– Qu’est ce que j’en sais, moi…
– Bon, et on fait quoi, maintenant?
– Ben… On a qu’à retourner à Troie!
– Mais on sait pas où c’est, merde!
Télèphe interrompt cette conversation fort passionnante, se présente et expose son problème… En voilà un qui ne manque pas de toupet en demandant de l’aide à ses ennemis qu’il a mis en pièces quelques semaines auparavant! Mais les Grecs ont bon coeur, au fond, et acceptent finalement de l’aider. Achille vient auprès de lui pour tenter de guérir la blessure, sans succès… L’oracle se serait-il trompé? C’est Ulysse (quel malin, celui-là!) qui comprend que la prophétie ne concerne pas Achille lui-même mais sa lance! Il gratte un peu de rouille de l’arme du héros et l’applique sur la blessure de Télèphe. Et voilà! Mission accomplie: le fils d’Hercule est guéri!
Pour prouver sa gratitude envers ses nouveaux amis, Télèphe leur indique le chemin pour Troie. Ça y est, les choses sérieuses peuvent commencer…
Huit ans après leur premier départ (sic), les Achéens se remettent sur le pied de guerre, cette fois, ça va saigner!
Chapitre 6: Faux départ
– Allez, moussaillon! En route pour Troie!
– Euh… Captain…
– Quoi, encore?
– Comment on fait? Y’a pas un souffle de vent!
– Et merde! J’en ai marre de cette expédition à la con!
Et oui! Pas un souffle de vent! Rien! Que dalle! Nada! Et cela pendant des jours et des jours! Mais que s’est-il donc passé pour que les Dieux en veuillent autant aux Grecs? Cette fois, c’est Agamemnon, le roi de Mycènes et chef de l’expédition, qui a déconné… Quelques jours avant de partir, il est parti chasser dans le bois sacré d’Artémis. Et il a commis l’irréparable: il a tué une biche sacrée en se vantant, qui plus est, que même la déesse de la chasse n’aurait pas tiré aussi bien que lui! C’est donc Artémis, vexée, qui empêche les vents de souffler…
Comme d’habitude, les Grecs vont consulter un devin pour tenter de dénouer l’affaire. C’est Calchas qui s’y colle et qui leur apprend que seule une offrande humaine serait susceptible d’apaiser la colère de la déesse. Et pas n’importe quelle offrande, s’il vous plaît! Artemis veut le sacrifice d’Iphigénie, la propre fille d’Agamemnon!
– Bon, Ok… Si c’est que ça! Je ne l’ai jamais trop aimé cette fille.
– Mais… Mais… Papa! Tu … tu… tu peux pas faire ça!
– Ben quoi Oreste, c’est la volonté divine, non? Alors commence pas à me faire chier! On va sacrifier ta soeur et pis c’est tout!
Seul problème: Iphigénie n’est pas au camp et il faut trouver un moyen de la faire venir sans qu’elle se méfie. Elle serait capable de tout faire capoter, la conne. Agamemnon envoie donc un message à sa femme Clytemnestre l’invitant à venir le rejoindre avec sa fille Iphigénie car Achille désire l’épouser! Si ça c’est pas une bonne nouvelle…
Enchantées, la mère et la fille arrivent au camp d’Agamemnon où toute la vérité se fait jour: de mariage, il n’y aura point! Achille est indigné d’avoir servi d’appât au sombre plan d’Agamemnon. Il promet à Iphigénie qu’il ne laissera pas son père procéder au sacrifice. Et c’est bientôt une guerre civile qui se prépare! Les uns ralliant la cause d’Iphigénie et d’Achille, les autres obéissant à leur chef Agamemnon. La situation paraît inextricable… Mais la sagesse d’Iphigénie va dénouer le conflit: qui est-elle pour s’opposer à une divinité? Pour empêcher les Achéens d’accomplir leur destin et de mener leur guerre contre Troie? C’est donc de son plein gré qu’elle se rend sur l’autel. Elle pose délicatement sa tête contre la roche, offrant sa gorge au devin Calchas qui, déjà, lève son couteau. Le temps paraît suspendu. Le couteau s’abat sur la chair tendre de la pauvre Iphigénie… Mais, mais… Que se passe-t-il? Par quel prodige? Le corps de la fille du roi de Mycènes vient d’être remplacé par une biche somptueuse!
En effet, Artémis, touchée par la dévotion et le sacrifice d’Iphigénie, décide de sauver sa vie. Au dernier moment, elle lui substitue une biche et l’emmène en Tauride, où elle en fait la prêtresse de son temple.
Jan Steen (1626-1679) – Le sacrifice d’Iphigénie, 1671, Huile sur toile – 135 x 173 cm
Les vents recommencent à souffler sur la mer Égée, et l’expédition peut cette fois se mettre en route pour Troie. Peu de temps après, les navires de guerre arrivent sur les rivages de la ville. Petit problème (encore!): avant leur départ, un oracle leur a prédit que le premier qui foulerait la terre troyenne serait également le premier à périr…
– Après toi, je te prie…
– Mais non, je n’en ferais rien…
– Si, si, je t’assure, à toi l’honneur: tu devrais descendre en premier!
– Je serais bien descendu, mais là, je peux pas, j’ai piscine.
– Ben toi, alors, vas-y, descends!
– Moi? Et pourquoi moi? Pourquoi pas lui, là-bas?
– [etc… etc…]
Ulysse comprend que la situation est compliquée… Il se dévoue devant tout le monde et saute en premier sur le rivage! Quel courage! Quelle dévotion! Euh… Non, en fait… Surtout, quelle malice! Car Ulysse est simplement très fourbe! Il trompe tout le monde en sautant sur son bouclier qu’il avait jeté au préalable sur la plage… Et sa ruse fonctionne puisque les autres le suivent sans se méfier! En réalité, donc, c’est Protésilas qui foule le premier le sol ennemi… Et, conformément à la prophétie, il sera d’ailleurs le premier à tomber sous les coups d’Hector, le fils du roi troyen Priam. Pas très fair-play, Ulysse!
Cette fois, ça y est, la guerre peut commencer! On se retrouve au prochain épisode!
Pour approfondir…
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Bonjour,
C’est toujours un plaisir de lire vos articles pleins d’humour. Vous égayez chaque jour ma matinée!
Merci et continuez comme ça 🙂
J’ai toujours eu peur de me lancer dans la mythologie parceque chaque histoire renvoie à d’autre personnages et d’autres histoires et ainsi de suite. C’est encore 10 fois plus compliquer que les Feux de l’Amour!
Là, je ne suis pas encore perdue et j’arrives encore à peu prêt à suivre. J’espère que ça va duré…
De la guerre de Troie je ne connaissais que la bouse cinématographique avec Brad Pitt.
Je trouve quand même étonnant que les 4 premiers « épisodes » de ce dossier en 6 parties soient seulement consacrés aux prémisses de la guerre… Vous aimez les introductions longues! 😉
Au fait, j’ai entendu dire que Patrocle et Achille étaient non seulement amis mais avaient surtout une relation homosexuelle. Bien sûr, cette relation n’apparaît pas du tout dans le formatage américain des films hollywoodiens. Mais quelle est la vérité?
@Barjoe: Bonjour, ça faisait longtemps! 😉
Concernant la longue introduction concernant les prémisses de la guerre: je trouve que les préliminaires sont toujours les meilleures choses! 😀 Blague à part, il est difficile de comprendre les enjeux de la guerre de Troie sans faire la connaissance de chacun des protagonistes principaux et d’aborder le contexte politique de l’époque. Par contre, j’ai peut-être un peu vu juste pour les 6 parties et j’allongerai sûrement le dossier d’1 ou 2 articles!
La nature de l’amour/amitié d’Achille et de Patrocle est aujourd’hui encore un sujet de débat. Je vous invite à lire l’article concernant l’amour entre Gilgamesh et son alter-ego Enkidu dans lequel je mets en garde contre les contresens liés au terme « homosexualité ».
En effet, l’homosexualité telle qu’on la connaît aujourd’hui est une notion qui n’est développée qu’au cours du Moyen-Age, notamment avec l’essor du Christianisme. Avant, amitié et homosexualité sont fortement imbriquées et la relation entre 2 hommes fait même partie intégrante de la culture grecque (qu’on pense à la relation entre éraste et éromène, c’est à dire, pour faire simple, la relation particulièrement proche entre un homme et un adolescent…) Difficile de comprendre cette relation si on l’analyse avec nos lunettes d’Occidentaux « modernes »!
Pour en revenir à la relation entre Patrocle et Achille, je suis personnellement convaincu qu’il devait se passer des trucs pas très catholiques sous leur couette! 😉 Mais Homère reste particulièrement vague à ce sujet. Dans Le Banquet, Platon ne laisse pas beaucoup de doutes concernant sa conviction sur la nature de l’amitié entre les deux héros grecs.
C’est finalement la version d’Eschyle (environ Vè siècle avant JC) qui est la plus retenue aujourd’hui: l’écrivain grec prête à Achille le rôle d’éraste (c’est à dire l’homme adulte) et à Patrocle le rôle d’éromène (l’adolescent).
J’espère avoir répondu à votre question. Je consacrerai un article sur ce sujet précis dans un avenir plus ou moins proche…
Quoi qu’il en soit, n’oublions pas l’aspect légendaire de tout ceci! 😛
Voilà une version de l’Illiade des plus agréables à lire, j’apprécie beaucoup. Nettement moins pénible et lourd-dingue que la version homérique que j’avais pourtant lue avec plaisir (qu’est-ce que je ne ferais pas pour un peu de mythologie grecque moi?). Je ne me souvenais pas que l’épisode Mysien de la légende soit évoqué dans L’Illiade d’Homère.. D’ailleurs, quelle est vraiment la partie légendaire de cette histoire? J’avais vu un reportage étant gamine qui s’efforçait de répondre à cette question, hélas, j’ai dormi depuis et je ne me souviens plus ce qui s’y disait..
@Elea: Non, votre mémoire ne vous fait pas défaut! Vous avez raison, l’épisode mysien n’apparaît pas dans l’Iliade, Homère préférant se focaliser sur le combat en lui-même.
Le titre de ce dossier est donc erroné: il devrait plutôt s’appeler « Le Cycle troyen » et non « la Guerre de Troie »… Mais j’ai conservé ce titre pour qu’il soit plus parlant, cette subtilité étant plutôt réservée aux spécialistes…
Le terme « Guerre de Troie » est donc normalement réservé aux combats en eux-mêmes entre Achéens et Troyens tels qu’ils sont écrits dans l’Iliade.
Tout ce qui se déroule avant ce combat (jugement du mont Ida, guerre contre les Mysiens, colère d’Artemis, etc…) sont décrits dans Les Chants cypriens que certaines sources attribuent à un certain Stasinos de Chypre (on ne sait pas grand chose à son sujet).
Pour les plus courageux qui souhaitent se lancer dans la lecture de l’Iliade, vous pouvez trouver le texte gratuitement ici: Texte intégral de l’Iliade.
Concernant la part du vrai et du faux dans cette légende, j’aborde ce sujet au tout début du dossier. C’est un vaste sujet pour lequel les spécialistes n’ont pas fini de se chamailler!
Hé hé hé! C’est encore moi et je vais encore faire mon trouble-fête… Mais qui aime bien, châtie bien! 😆
Non, en fait, je tiens seulement à ajouter que Télèphe a bien été blessé par Achille pendant le combat en Mysie comme vous le mentionnez, mais les circonstances de cette blessure mérite qu’on s’y attarde quelques instants je pense.
Quand les Grecs veulent s’emparer de la Mysie, Télèphe combat vaillamment et tue notamment Thersandre, le fils de Polynice.
Sauf que… Dionysos est l’allié des Achéens et il ne laisse pas Télèphe en paix: il lui en veut de ne pas l’avoir honoré convenablement! Il fait donc surgir une racine de vigne autour du pied de Télèphe (normal pour le Dieu du vin!) ce qui rend ce dernier incapable de bouger.
C’est dans ces circonstances qu’Achille réussit à le blesser.
Personnellement, je suis sûr qu’en combat à armes égales, Achille se serait pris une raclée. Télèphe est qu’en même le fils d’Héraklès!
En rapport avec mon précédent commentaire, pour les incultes qui ne connaissent pas Polynice, c’est le fils d’OEdipe et de sa mère Jocaste.
Lorsqu’OEdipe se crève les deux yeux, ce dernier maudit ses deux fils, Etéocle et Polynice et part de la cité avec sa fille.
Eteocle et Polynice se battent donc pour obtenir le trône de leur père et finissent par s’entretuer!
On est loin de la guerre de Troie mais je trouvais ça intéressant à mentionner.
Note de la rédaction: Merci pour cette anecdote. Vous pouvez lire l’article consacré à Oedipe ici: Oedipe est complexe
Je rejoins Moka & Aude en tout points !! MERCI à vous d’avoir su vulgariser cette terrible odyssée 😉
Pour quand la suite? 😈
C’est pas gentil de nous laisser en plan comme ça depuis le 14 octobre! 😉
Poulpo: Oui, vous avez raison… Pour paraphraser l’oncle de Spiderman, une grande audience implique de grandes responsabilités! 😉
La suite arrive bientôt, promis.
La suite, la suite, la suite!!!
😛
Elle est où la suite? Pas prévue? 😕