Ce qu’il faut savoir sur… les réflexes pavloviens
Pavlov!
Ce nom, il vous dit forcément quelque chose.
Un auteur de science-fiction? (en fait non, c’est Asimov)
ou… un auteur de théâtre, peut-être? (ah, non, c’est Tchekhov)
une marque de vodka alors? (ben non, c’est Poliakov)
(tous ces noms de Russes qui finissent en -ov, c’est agaçant à la fin)
Peut-être qu’avec une photo, ça vous aidera?
OK, ça n’aide pas beaucoup…
Bon, en fait, si ce nom ne vous dit rien, c’est sûrement normal, parce que Pavlov n’est pas connu, connu… Entendons-nous: il est connu, bien sûr, mais uniquement de ceux qui connaissent.
…
Vu?
Pavlov avait un chien. Enfin, je crois.
Ou du moins, il n’aimait pas les chiens. Ou plutôt il les aimait, mais à sa façon à lui.
Ooooh !!! J’en sais rien, moi, s’il les aimait ou pas, ces foutus clébards. En tout cas, il a fait plein d’expériences avec eux.
(et pas des expériences à base de biopsies, de dissections et de tous ces trucs crados qu’aiment faire les scientifiques)
Ça se passe en Russie dans les années 1890. Ivan Pavlov donne sa gamelle à son chien et il remarque que celui-ci produit beaucoup de salive AVANT d’entrer réellement en contact avec les aliments. La simple vue de son maître qui lui prépare sa gamelle le fait saliver.
(ma petite Dipsy fait pareil, j’imagine que c’est un comportement universel chez les chiens)
(c’est elle, quand elle était bébé)
(Dipsy, alias « la plus belle chienne de toute la terre »)
(et je suis totalement objectif)
Bon, ça peut paraître anodin au commun des mortels, cette histoire. Mais pas à Pavlov. Lui, il considère ça absolument génial. Allez hop, il va mettre en place un petit protocole expérimental pour tenter d’influer sur le comportement du chien…
1ère étape, observation: Quand il nous voit préparer sa gamelle, le chien salive. Ça, c’est son comportement naturel.
2è étape, observation encore: Quand il entend une cloche sonner, le chien ne fait rien de spécial. Ça aussi, c’est son comportement naturel. Le chien, il s’en fout complètement des cloches, et on ne va pas l’en blâmer.
3è étape, conditionnement en cours: On va faire sonner une cloche PENDANT qu’on prépare sa gamelle. Le chien salive, c’est logique. Et il entend la cloche en même temps.
On répète encore et encore l’étape 3…
4è étape, conditionnement terminé: À partir de maintenant, à chaque fois qu’il entendra une cloche, que l’on soit en train de préparer sa gamelle ou non, le chien va saliver…
Et voilà, on a réussi à changer le comportement de Médor! Puisque les deux stimuli (cloche et gamelle) sont donnés en même temps, le chien associe la cloche à la gamelle, donc à une notion de plaisir. Donc il salive. Et cela devient un réflexe: il ne peut pas s’en empêcher!
Pendant dix ans, Pavlov réalisera des centaines d’expériences en faisant varier le nombre d’itérations de l’étape n°3, en changeant de stimuli (une cloche, une caresse, une personne,…) et en modifiant tout un tas d’autres facteurs.
Vous allez me dire (je vous entends d’ici):
Et bien, chers lecteurs, ceci sert à… euh… ben…
…
Je sais pas trop, en fait.
(attendez, je vérifie)
Ah! Mais si, je suis con! Ça sert à mettre en évidence ce qu’on appelle les « réflexes conditionnels ».
(ou réflexes de Pavlov)
(pour une fois qu’une découverte n’est pas soumise à la loi de Stigler, on ne va pas se plaindre)
Un peu comme le chien qui salive quand il entend une cloche parce que son cerveau assimile la cloche à la préparation de sa gamelle, l’humain est aussi soumis aux réflexes conditionnels.
D’ailleurs, pourquoi se contenter de faire des expériences sur des chiens quand on peut les faire… sur des bébés!? (gnark, gnark, gnark)
Et donc, dans les années 1920, un certain Watson, scientifique américain de son état, va se mettre à torturer des enfants.
(mais c’est pour la science alors ça va, il a le droit)
(le jugez pas)
Watson, donc, prend le petit Albert, 11 mois, qui est un enfant très sage et très équilibré (qu’il en profite car ça ne va pas durer!)
Il lui donne une petite souris blanche pour qu’il s’amuse avec. C’est un vrai succès, le bébé adore la petite souris qui devient son compagnon de jeu favori.
Puis, quand il présente de nouveau la souris à Albert, Watson provoque un bruit strident en cognant violemment deux barres de fer entre elles. Résultat: ben, le petit Albert se met à chialer. Normal.
Et puis, le « scientifique » recommence l’expérience encore et encore: à chaque fois qu’il présente la souris à Albert… BIM un coup de barre de fer dans la gueule (ou plutôt dans les oreilles).
Il ne faut pas longtemps avant qu’Albert manifeste une véritable phobie envers la souris… Dorénavant, à peine en verra-t-il une qu’il se mettra à trembler et à pleurer…
(#JaimeLaScience)
Et voilà, Watson vient de prouver que ce qui marchait sur les chiens marchait aussi sur les humains.
Note: Ce genre de conditionnement est à manier avec précaution car ses effets sont IRREVERSIBLES.
(en clair: toute sa vie, Albert aura peur des souris)
(et toute sa vie, il maudira ses parents de l’avoir confié à un scientifique un peu barjot)
Au cinéma, Stanley Kubrick met en application le principe des réflexes pavloviens dans Orange mécanique (d’ailleurs, je ne me rappelle plus si le nom de Pavlov est cité dans le film… faudrait que je le revoie). Souvenez-vous, Alex, le « héros » du film (une ordure de la pire espèce) est volontaire pour expérimenter une technique de réhabilitation: on le force à regarder des images violentes (meurtres, viols,…) tout en lui injectant des drogues qui le font hurler de douleur. Le but? Le dégoûter à jamais de toute action violente… La symphonie n°9 de Beethoven, son œuvre préférée, est également diffusée en boucle pendant l’expérience. Désormais, il ne pourra plus entendre ce morceau de musique sans souffrir le martyr… Preuve que la méthode marche!
(bon, c’est que du cinéma, ne vous emballez pas…)
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Djinnzz
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C’est un peu court maître Djinnzz…
La conclusion laisse à désirer… J’aurais aimé un petit trait d’humour histoire de conclure en beauté !
Il me semble que cette théorie est également décrite dans 1984 d’Orwell et dans Le meilleur des Mondes de Huxley
(à verifier)
bonne continuation